samedi 10 février 2007


Des propositions pour la médecine scolaire
La médecine scolaire c'est l'arlésienne. Tout le monde est convaincu de son importance mais elle a de moins en moins de moyens. Ces propositions ont été élaborés par un groupe de médecins -conseillers techniques de l'Education nationale


En 1991, le ministère de l’éducation nationale décide de se doter d’un corps de médecins et inscrit la promotion de la santé dans les missions de l’Ecole. Si dans un premier temps, il en confie le développement à ses personnels de santé, il y engagera, par la suite, toute la communauté scolaire.

L’analyse de la société d’aujourd’hui, montre une accélération de ses évolutions par le développement des modes de communication, de l’accès à l’information et à la connaissance. Le poids des médias sur les opinions, les valeurs centrées sur les biens de consommation, et le culte de la performance accentuent le processus. L’allongement de l’espérance de vie et l’émergence de pathologies nouvelles, environnementales et comportementales, génèrent des problématiques de santé publique différentes.

En parallèle, on note à l’Ecole les mêmes évolutions/ constats : attitudes de consommation vis-à-vis de l’Ecole, exigences paradoxales des parents et exigences de résultats.

Ces constats, complétés de ceux relatifs à la situation économique en matière de santé (démographie médicale, accessibilité aux soins et coûts) ont fait évoluer la politique de santé publique qui, aujourd’hui, accorde de plus en plus à la prévention… sa juste place !

C’est ainsi que la prévention, intégrée dans une démarche de promotion de la santé, participe à la mission principale de l’Ecole, à savoir : l’accès à la réussite pour tous les élèves.




ENJEUX DE LA SOCIETE ET CONTRIBUTION DE L’ECOLE

Dès lors que la société est une entité en devenir, se pose la question des enjeux auxquels l’Ecole apporte sa contribution à travers sa mission. En effet , l’Ecole doit veiller à développer chez les élèves, futurs adultes, les compétences nécessaires pour qu’ils trouvent leur place tout au long de leur vie dans une société en mouvance permanente. Ce faisant, il appartient aux membres de l’équipe éducative de faire preuve des mêmes capacités d’adaptation…

Construire « l’adaptabilité » de l’ élève, c’est lui faire acquérir le respect de soi, de l’autre et des autres, l’amener à l’autonomie et développer son sens de la Responsabilité (être citoyen). C’est aussi permettre à tous la maîtrise collective de savoirs universels qui constituent les fondamentaux de toute construction individuelle et sociale.



Comment l’Ecole y contribue ?

1. Par son engagement pour une égalité des chances pour tous, quel que soit le contexte particulier de chacun

2. Par une scolarisation précoce, dès la maternelle, qui permet d’ancrer dès
le plus jeune âge certaines des connaissances et compétences du socle
commun (décret du 11 juillet 2006) dans l’instruction et dans l’éducation de
l’enfant, renforcées et complétées tout au long du parcours scolaire

3. Par l’exercice, au sein même du lieu « Ecole », de la loi, de la
responsabilité et de la citoyenneté


Quel rôle, quelle place pour le médecin de l’EN ?

En tant que médecin :
il a accès aux données et aux déterminants de la santé de l’enfant,
il a des compétences professionnelles en terme de savoirs et savoir-faire,
il bénéficie d’un positionnement légitime au sein des réseaux de prévention et de soins.



En tant que médecin de l’éducation nationale
il est spécialiste de la santé de l’enfant scolarisé.
il est expert médical pour l’appréciation et l’amélioration de la qualité des conditions scolaires et environnementales de l’enfant tant en ce qui concerne son accueil que ses apprentissages.
il est conseiller médical de la communauté éducative pour le développement des objectifs santé du projet d’école et d’établissement
il assure l’analyse et l’évaluation des besoins de santé de la population scolaire de son secteur.

èDès lors il participe aux engagements de l’Ecole pour l’égalité des chances et l’acquisition du socle des connaissances et des compétences

èDès lors, il est un acteur clef de la prévention environnementale et comportementale.



ACTIONS ET CONDITIONS DE REUSSITE

Pour garantir la qualité de sa contribution aux enjeux de la société, l’Ecole détermine des objectifs prioritaires en matière de promotion de la santé, pour l’atteinte desquels le médecin de l’EN a un rôle incontournable et des missions précises:

- Contribuer à une meilleure scolarisation des enfants et des adolescents handicapés ou porteurs de pathologies chroniques par l’identification et la prise en compte de leurs besoins particuliers (Projet d’Accueil Individualisé (PAI), Projet personnel de scolarisation (PPS), dès la scolarisation en maternelle.

- Favoriser la prévention, le repérage, la prise en charge des jeunes présentant des comportements à risques et des signes de souffrance psychique, le plus précocement et tout le long de la scolarité.


- Dans le cadre de la lutte contre l’échec scolaire : prévenir, dépister et suivre les enfants présentant des troubles des apprentissages tout au long de la scolarité, de la maternelle au collège.

- Favoriser un accompagnement vers les réseaux de soins et l’articulation, quand nécessaire, entre Ecole et structures de soins

- Contribuer à la mise en place des politiques d’éducation pour la santé selon les besoins de la population scolaire, et en référence au socle commun de compétences à maîtriser en fin de scolarité obligatoire

- Collaborer avec les autorités sanitaires et gérer des situations d’alerte (méningite, TIAC…) et de crises (suicide, accident, …) et d’urgence entre toutes : la protection de l’enfance


Les nouvelles pathologies sont sous tendues par des déterminants multiples et complexes qui ne sont plus accessibles au seul examen clinique médical programmé en systématique et selon des modalités contraintes. En revanche les déterminants peuvent être analysés au sein d’une démarche de bilan favorisant le recueil de l’ensemble des données existantes auprès des différentes sources. L’analyse ainsi conduite permet au médecin de décider de la stratégie pertinente à adopter dans la prise en charge de la population scolaire dont le médecin de l’EN a la responsabilité.


Pour ce faire, il convient de veiller à une démarche qualité s’appuyant sur :

Þ une synergie fonctionnelle entre équipe éducative et professionnels de santé d’une part, et entre professionnels de santé d’autre part pour ce qui concerne les étapes de « bilan » et d’analyse de situations individuelles : connaissance et reconnaissance des compétences de chacun et de leurs complémentarités
Þ une identification claire de l’interlocuteur pertinent au regard des questions de santé qui se posent tant aux élèves qu’aux adultes : ceci passe par une distribution affirmée des responsabilités entre professionnels des champs sanitaire et social pour éviter toute confusion de rôles et de fonctions
Þ une optimisation des moyens humains et matériels pour répartir les prestations au sein d’une équipe complète selon la technicité requise
Þ une politique d’encadrement du service médical en faveur des élèves en termes
- de compétences nécessaires à l’emploi
- du management attendu
- d’adaptation à l’emploi de médecin conseiller technique à l’échelon départemental et rectoral
Þ des stratégies visant à développer les outils de professionnalisation nécessaires à :
- l’évaluation et la valorisation de la prestation fournie
- la réponse aux demandes partenariales, notamment dans le cadre des Plans Régionaux de Santé Publique
- la veille sanitaire attendue de la médecine scolaire
- la mutualisation des informations et des actes : dossier médical partagé entre PMI, médecine scolaire, médecine de soins……
Þ une politique
- de sensibilisation à la santé publique pour tous les professionnels de l’EN
- de formation pour une professionnalisation de haut niveau des médecins de l’EN :
w au métier de médecin spécialiste de la promotion de la santé des enfants et adolescents à l’Ecole, telle que délivrée actuellement par l’ Ecole Nationale de la Santé Publique
w en matière de formation continue, pour garantir l’actualisation régulière de leurs connaissances et les nécessaires évolutions de leurs pratiques
Þ une optimisation de la prise en compte de la santé de l’ensemble des personnels, en tant que dimension essentielle de la qualité de l’accompagnement des élèves et en tant que volonté de cohérence de la politique de santé à l’Ecole.

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