lundi 31 juillet 2006

TRIBUNE D'YVETTE ROUDY

Il faut savoir quitter la table (C. Aznavour)

Il y a quelques semaines, Lionel Jospin nous annonçait qu’il serait disponible pour le rendez-vous du printemps 2007. Aujourd’hui, dix membres du Bureau National du PS invitent le parti à débattre de son offre.

Lionel Jospin a parfaitement le droit de changer d’avis et de considérer que - tout compte fait – une troisième campagne Présidentielle pourrait lui être favorable. Il y a des précédents. On peut avoir la nostalgie du temps passé tout en se disant que le temps a manqué pour achever l’œuvre commencée.

Nous en sommes tous là, ceux d’entre nous qui avons eu l’exceptionnelle chance de servir au plus haut niveau les idées qui nous habitent. Nous pouvons nous sentir frustrés de tout ce que nous aurions pu faire si seulement le suffrage universel et notre système politique nous l’avait permis. Ainsi, va la politique dans ce pays qui est le nôtre.

Depuis le jour où Lionel Jospin nous a quitté sans se retourner laissant quelques-uns uns d’entre nous en charge d’une maison, dévastée, en état de choc, nous nous sommes habitués à nous passer de lui.

Quelques-uns uns ont retroussé leurs manches, se sont mis au travail et ont reconstruit la vieille maison. Ils sont comme ça les socialistes. C’est aussi ce que Mitterrand nous a appris. A peine tombé de cheval, on remonte et on repart.

Nous devons beaucoup à Lionel Jospin. Personnellement, je n’oublie pas que nous lui devons la loi sur la Parité. Incomplète sans doute mais qui représente une ouverture majeure. D’autres savent aussi ce qu’ils lui doivent. Et il fut un très bon Premier Ministre. Pour tout cela et bien d’autres choses encore, il faut le remercier.

Mais les temps ont changé. Le pays a changé. Vient un moment où la politique a besoin de sang neuf indispensable à la rénovation. A son adaptation aux temps nouveaux. Vient aussi un moment où ceux qui ont su servir dignement doivent savoir quitter la table avec la même dignité et servir autrement. C’est ce que modestement, je tente de faire à mon niveau. Sur le chantier du socialisme, les ouvriers se lèvent et se remplacent.

Nous avons la chance d’avoir une candidate qui a vu, de près, travailler les meilleurs d’entre nous et qui comprend le monde tel qu’il est devenu. Elle a l’expérience, l’imagination, la force les convictions, la volonté indispensable pour remettre la France en bon ordre de marche. Elle a démontré ses compétences dans une région qu’elle dirige avec ce qu’il faut d’intelligence et ce qu’il faut de fermeté.

Elle apporte dans un monde de violence où règne la loi du plus fort et l’écrasement des plus faibles un courage tranquille, une qualité d’écoute pleine d’humanité, un traitement des problèmes fait de bon sens et de justice, quelque chose de neuf qui peut redonner aux Français le goût de la politique qu’ils ont perdu.

Lionel Jospin peut soutenir son entreprise comme certains d'entre nous ont décidé de le faire. Sans se renier. Les anciens que nous sommes peuvent encore servir. Différemment sans doute mais efficacement. Et l’important est de faire vivre nos idées, n’est il pas vrai ?

Yvette ROUDY
Ancienne Ministre
Membre du Bureau National du PS

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Avant de s'exprimer ainsi, Yvette Roudy aurait pu s'appliquer le principe de "quitter la table". C'est bien de s'ériger en donneuse de leçon en continuant de squatter la vie politique depuis bientôt quarante ans.

Plutôt que de donner des leçons comme l'ancienne ministre de François Mitterrand, Lionel Jospin tient sa promesse "d'être utile". Il donne des perspectives à la gauche en général, au projet des socialistes en particulier.

Anonyme a dit…

Pourquoi pas le Président d'une 6éme République ?...
Il a la sagesse, l'intégrité et l'expérience que bien d'autres postulants du PS n'ont pas forcément...

Anonyme a dit…

Yvette est fantastique : toujours prompte à donner des leçons qu'elle ne s'applique évidemment pas à elle même. Yvette toi tu es restée déjà beaucoup trop longtemps à table. Et c'est pour ca que tu confonds le menu avec les taches sur la nappe.

Françoise Mesnard a dit…

???? Yvette a passé la main en 2001. Elle n'occupe plus de fonctions paticulières aujourdhui mais elle continue a aider son parti notre parti . Elle ne dit pas autre chose. Cela lui donne une liberté de conviction que j'apprécie car elle est au seul service des idées que nous défendons.

Anonyme a dit…

Et pourquoi Yvette Roudy à l'investiture au PS dont le programme commencerait par la 6éme République ?....
En plus c'est une femme....et ses idées serait pas plus mauvaises que certains voire certaines....

Anonyme a dit…

Et si l'on remettait le couvert comme prélude à une stratégie du dépassement
des illusions servies à la table de notre "parti".


Les illusions qui s'accumulent dans "notre parti" résultent et participent d'un déficit de compréhension de l'organisation du monde où règnent les conditions modernes de l'économie capitaliste.

Comme si, de Hegel à Debord en passant par Marx, la critique radicale de l'économie capitaliste ne trouvait pas grâce auprès de ceux qui espèrent le dépassement de ce système.
Comme si, dans la radicalité de l'aliénation promise par cette économie de la résignation nulle radicalité critique ne devenait possible.
Comme si, seules les théories de la régulation étaient acceptées par l'économie capitaliste dans le seul but de se rendre elle-même acceptable.

Si nous considérons que "Le Capital" de Karl Marx devenu "La Société du Spectacle" de Guy Debord est "le règne autocratique de l'autonomie marchande ayant accédé à un statut de souveraineté irresponsable, et l'ensemble des nouvelles techniques de gouvernement qui accompagne ce règne", nous éprouvons la mesure de nos responsabilités à ne promouvoir que les théories réformistes de la régulation d'un tel système.
Si nous considérons que le socialisme historique est le chemin du dépassement de ce système, nous éprouvons, dans l'idée du socialisme portée par "notre parti", le poids de la résignation où nous placent ses positions. Et les appels issus de nos rangs rénovateurs pour conjoindre cet idéal sous-estimé à un réel aussi mal cerné, sont la voie la moins supportable de cette résignation et la porte ouverte à toutes les exubérances anti-démocratiques des projets individuels.

La phraséologie employée par la majorité de nos camarades rénovateurs est, à cet égard de l'engagement individuel d'Arnaud Montebourg, symptomatique de cet assujettissement anti-démocratique. En effet la notion de "leader" récurrente dans la plupart des propos suppose la notion de "gregario". Porteurs d'eau sans distanciation critique, un comble depuis Hegel et sa critique des rapports entre le maître et l'esclave. Comme si le "must" de la compréhension de l'aliénation et de sa négation résidait dans le choix d'une figure de proue, aussi avenante soit-elle, plutôt que dans celui de la cohérence collective et de sa délégation dans une figure éphémère et momentanée.

L'engagement d'Arnaud Montebourg, vers un choix de candidate, spécule sur cette incurie collective pour faire prévaloir la pensée forte du "leader" inquestionné, faussement adhésive à une pensée commune jamais validée. Malheureusement pour lui, les militants les moins hypnotisés ne l'entendent pas de cette oreille. Ils s'apprêtent à lui refuser tout mandat en leur nom au sujet de cette triste affaire, et à le convoquer à son simple statut de militant représentatif. La moindre des choses, puisqu'elle prend racine au cœur de ses propres convictions démocratiques.

Personne ne tire sur un pianiste qui ne joue pas de fausses notes. Les camarades qui s'étonnent de la réactivité militante devraient le savoir et réfléchir aux conditions d'émergence du mouvement actuel plutôt que de s'effacer derrière une idolâtrie forcenée digne des plus grandes heures de la psychologie des masses ... du totaritalisme.

Nous ne choisissons pas un maître, nous faisons le choix de la maîtrise.

Françoise Mesnard a dit…

La pureté est un idéal à la fois séduisant et dangeureux car elle est elle incompatible avec la nature humaine . L'exemple de Saint Just est à cet égard exemplaire de ce que la pureté mène à la destruction.

Oui nous devons proposer une alternative à ce capitalisme ultra libéral et mondialisé mais elle ne s"appuiera pas sur une vision marxiste de la sociéte. Parce que justement ce capitalisme est né en réaction au marxisme, il s'est construit à partir du marxisme.

Nous devons dons inventer un autre modèle basé sur une autre relation entre l'individu et le collectif

Seule Ségolène porte en elle les prémices de ce nouveau modèle.Et c'est pour cela que la rénovation sera le résulat d'une nouvelle génération politique qu'elle réunira autour d'elle.

J'ai toujours été impressionné par ceux qui détenaient la vérité . Moi je ne sais pas . j'observe . Et j'apprécie la facon nouvelle que nous avons d'aborder l'action politique au quotidien dans la région Poitou-Charentes avec Ségolène.

Anonyme a dit…

Chère Françoise,

Même un arrière petit-fils, de maréchal-ferrant né à Neuvicq le château et ami de Goule Benèze, sait que le capitalisme moderne, admirablement décrit dans "La Société du Spectacle" de Guy Debord, n'est pas le résultat du marxisme. Il doute même que le marxisme soit le résultat de la pensée de Marx, tout autant qu'il doute que le nazisme soit le résultat de la pensée de Nietzsche.
Ce même arrière petit-fils, de libre penseur qui se battait contre les Croix de feu de Siecq, de Matha et peut-être de St Jean d'Angély, sait que, pour être devenu psychanalyste, le désir d'idéal, comme tout désir, manque souvent son objet. Il sait aussi que les révolutions excellent à fabriquer des commissaires du Peuple.
Il sait encore, et là réside sa méfiance, que nulle femme, nul homme, nul dieu ne peuvent incarner une providence par laquelle les peuples trouveraient à réduire les malheurs qui les frappent.

Cordialement.
Michel Gros

Anonyme a dit…

Tu t'laisses aller (Charles Aznavour)




Chère camarade, Chère Yvette,


Comme tu le vois, comme toi, je connais mes classiques de Charles Aznavour. Je t'écris ce petit mot pour te dire ma déception à la lecture de ta tribune intitulée Il faut savoir quitter la table (C. Aznavour). T'arrêtant sur le retour au premier plan de Lionel Jospin (à travers sa tribune dans le Monde et son passage au 20 heures de TF1) à l'occasion de la parution de Lionel Jospin candidat , tu éludes volontairement le propos de fond pour subodorer que la démarche de l'ancien Premier ministre ne serait guidée que par l'amertume ou "la nostalgie". C'est faire peu de cas des enjeux majeurs et des pistes qu'a développés celui qui a conduit la Gauche plurielle durant cinq années.




Ce qui est exceptionnel dans le propos de Lionel Jospin, c'est que, contrairement aux nombreux aspirants présidents déclarés que compte le Parti Socialiste (et je n'oublie pas celle que tu soutiens), c'est qu'il s'appuie sur le projet des socialistes, celui-là même que nous avons élaboré et ratifié, nous les militants socialistes. A lire et écouter Lionel Jospin, on comprend que le projet sera un élément-clé de la campagne présidentielle et qu'au lieu de s'en éxonérer, il faut le revendiquer, lui donner des perspectives. Mais cela semble t'échapper, c'est dommage.




Tu reproches à Lionel Jospin de nous avoir abandonné en 2002 et d'avoir laissé à d'autres la charge de gérer les élections législatives et d'animer le parti. C'est un procès bien mal engagé, chère camarade. En s'éloignant temporairement de nous, Il a ainsi voulu préserver son équipe gouvernementale qui aurait pu partager une partie des responsabilités de la défaite, comme nous tous d'ailleurs. Il a aussi épargné son équipe de campagne de l'opprobre des militants. Il a facilité le renouvellement au du PS, en laissant à ses responsables le soin de constituer un nouveau secrétariat national. Et puis, c'est factuel, il était avec nous durant les campagnes cantonales, régionales et européennes de 2004. Ses expressions ponctuelles, qu'elles soient survenues sur le terrain ou par voie de presse, ont toujours été précieuses au débat, enrichissant notre réflexion collective. Oui, chère camarade, Lionel Jospin a toujours été à nos côtés, nous éclairant de ses analyses pertinentes.




Tu dis savoir que "nous devons beaucoup à Lionel Jospin", mais je ne vois aucune gratitude dans tes écrits. Tu as fait le choix d'une candidate à l'investiture, c'est ton choix et c'est très bien. Que tu essaies de convaincre du bien-fondé de sa candidature, c'est naturel. Que tu dénigres la sincérité de l'engagement d'un camarade qui a tant apporté à la Gauche en général et aux socialistes en particulier, je trouve cela navrant. Après près de cinquante années de militantisme, je pensais que ton parcours serait exempt de travers comme les faux-procès. "Les temps ont changé" écris-tu, toi aussi tu as changé : l'objectivité dans l'analyse de la situation et la solidarité envers ceux qui ont servi le pays en notre nom, tu ne sais plus ce que c'est.




Tu prétends aussi contribuer à la rénovation de la politique, en ajoutant "Vient aussi un moment où ceux qui ont su servir dignement doivent savoir quitter la table avec la même dignité et servir autrement. C’est ce que modestement, je tente de faire à mon niveau". Et bien ton essai ne semble pas concluant au regard de ton texte. Si je partage avec toi la certitude que "les anciens (.../...) peuvent encore servir", je suis sûr que ce n'est pas de la manière dont tu t'y prends. Je regrette, chère camarade, que tu t'laisses aller ... à des jeux si partisans.

Karim AOU, 29 ans
Conseiller municipal de Villeurbanne

Anonyme a dit…

Comme beaucoup de français et de socialistes , j'ai été déçu que Lionel Jospin après la défaite de 2002 "quitte le navire".
Quatre ans après, il nous dit que c'était pour mieux nous préserver et qu'il s'immolait en quelque sorte, prenant sur lui la "faute".
J'aime bien Jospin. S'il le faut je ressortirai l'affiche cartonnée que j'ai toujours gardée et qui me sert de sous-main. Il y a marqué dessus "Jospin président". J'ai agité ce panneau frénétiquement et applaudi à Bordeaux-Lac en mars 2002 lors du grand meeting régional où il y avait aussi le futur président Lula.
J'ajoute que j'aime bien aussi Jacques Delors et qu'ancien du PSU j'ai toujours suivi Rocard jusqu'à ces dernières années.
Mais il faut savoir tourner la page.
Je ne pense pas qu'Yvette Roudy, que j'ai entendu plusieurs fois à Fouras, soit une donneuse de leçon.
Dire son opinion, lorsqu'il s'agit d'une personne ne doit pas être pris comme une attaque personnelle, sinon, où est la liberté d'expression? C'est vrai qu'actuellement au PS, la situation est difficile. Nous tombons dans le panneau de l'éléction présidentielle qui mobilise le calendrier 3 ou 4 ans auparavant et qui personnalise le débat.
Vivement donc la VI° République et merci à Françoise Mesnard de nous donner l'occasion de blogger.
Dommage Françoise que tu n'aies pas pu assister à l'ensemble de nos journées de Fouras. Mais tu as quand même pu venir le jeudi soir et c'était sympa.

Anonyme a dit…

Bonjour,

je souhaite rétablir la vérité sur un point qui n'est pas de détail. La véritable définition de la Société du Spectacle dans "Commentaires sur la Société du Spectacle" est "le règne autocratique de l'économie marchande ayant accédé à un statut de souveraineté irresponsable, etc".

je ne sais pourquoi le mot "autonomie" est venu remplacer le mot économie, mais je suis certaine que ça fait perdre une bonne partie de son sens à la citation.

de plus, il me semble que les mots les plus lucides et les plus importants sont "souverainemeté irresponsable", et je regrette que personne ne condamne cette perversion de l'économie marchande moderne