
Quand les prisons sont transformées en hopitaux psychiatriques
Dans un article du Monde du 6mai 2006 de Nathalie Guibert, le médecin-chef de la Prison de Fresnes alerte. Et ce qu'il dit est d'une extrème gravité.
"40 % des détenus ont connu la psychiatrie avant la prison, lors d'hospitalisations ou de soins. Mais ils ont souvent connu une rupture de soins. Cette situation interroge notre dispositif psychiatrique public, qui est sinistré. Le manque de soins et de dispositifs d'intégration sociale conduit à la détention.
Au titre de la continuité des soins, tous nos patients devraient être adressés à un service une fois sortis. Mais nous nous heurtons à des refus, ou à une impossibilité pour ceux qui n'ont pas d'adresse fixe. Ces personnes sont donc candidates à la récidive. En matière de prévention de la récidive, parler de tolérance zéro n'a aucun sens. La seule efficacité, c'est la préparation à la sortie et l'accompagnement. Il faut une politique d'insertion qui démarre en prison et dure dix-huit mois dehors.
On se voile la face quand on dit que le détenu redevient un citoyen ordinaire après sa peine. Il est absurde de demander à la population pénale des performances que la population générale ne peut fournir. Qui sort de prison ? Les mêmes que ceux qui y sont entrés, susceptibles, dans des situations analogues, de commettre les mêmes actes.
Nous devons nous demander pourquoi la prison, au XXIe siècle, a la même fonction que celle de l'asile au XIXe siècle. On y trouve des criminels de toute sorte, mais surtout des exclus. Qu'est-ce que ces politiques qui admettent un contresens aussi lourd que "d'incarcérer à l'hôpital psychiatrique" ou "d'hospitaliser en prison" ?
Plusieurs fois par semaine, des personnes arrivent ici à l'issue d'une garde à vue, le juge nous signalant qu'elles sont "délirantes" et demandant qu'elles soient "incarcérées au SMPR". La justice ne s'y retrouve plus. Des gens présentent une dangerosité réelle, de graves troubles psychiatriques et une situation personnelle très difficile : qu'offre-t-on à la société si on les garde en détention sans donner les moyens de pouvoir les soigner ? C'est devenu un problème de santé publique. "
Je peux témoigner de la déshérence de la psychiatrie publique . On pourrait faire tant de choses si on le voulait . Il vaudrait quand même mieux que ces 40 % de détenus aient une prise en charge adaptée. Ce serait mille fois plus efficace et moins couteux au final pour la société.
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