mardi 27 avril 2010

Xynthia, obtenir les conditions d'une délibération collective de qualité


La gestion des conséquences de la tempête Xynthia en Charente-Maritime par l’Etat a mis au grand jour la brutalité des méthodes de délibération, de décision et d’organisation du système Sarkozy.

Au moment de la tempête, les élus et les collectivités locales ont tous joué leur rôle : la qualité d’intervention des premiers secours et l’engagement des maires des communes ont été unanimement loué.

Au lendemain de la tempête, le Conseil Régional et Conseil Général se sont organisés pour apporter un soutien concret le plus rapidement possible aux sinistrés.

Puis le Président de la République est venu sur les lieux avec la promesse d’une première aide d’urgence de 3 millions d’euro. Jusque là, les choses se sont déroulées normalement.

C’est après cette séquence que l’action de l’Etat a dérapé. Tout d’abord, les aides d’urgence promises par L’Etat notamment les aides aux entreprises ne sont pas arrivées

Puis Nicolas Sarkozy est revenu quinze jours plus tard entre les deux tours des régionales à La Rochelle avec pour seul credo l’urbanisation « irresponsable » du littoral. Et depuis, la machine de l’Etat s’est déchainée : délimitation de zones dites noires, oranges et jaunes dans la plus grande confusion et opacité, annonce brutale par des préfets entourés de CRS, quand ce n’est pas le maire qui a été prié de faire lui-même l’annonce à ses administrés.

Les élus et les habitants concernés par le zonage ont subi un deuxième traumatisme tellement violent que certains ont du être hospitalisés.

Aujourd’hui, tous les élus et les habitants parlent d’incohérence et de manque de concertation. Ainsi, certains stiment que la zone noire aurait du être plus importante en certains endroits quand d’autres dénoncent des maisons rayées de la carte sans avoir été inondées, des associations estiment que l’entretien de la digue serait moins couteux que les expropriations (exemple des 80 maisons des Boucholeurs estimées à 300 000 euro soit 24 millions d’euro !!), d’autres encore parlent de leur maison construite depuis plus de 150 ans. Le plus durement ressenti, c’est le sentiment d’injustice lié à un « zonage de classe ». Ainsi, les Portes en Ré ne sont pas touchées par les zonages quand le risque y est le même qu’ailleurs.

Devant la quasi insurrection de l’ensemble des élus et des habitants, l’Etat a envoyé des Ministres sur le terrain pour évoquer un « simple malentendu » pendant que dans l’ombre la pression sur les élus et sur les habitants se met à l’œuvre : pression pour faire signer les estimations aux habitants traumatisés et perdus notamment les personnes âgées, menace du ministre du logement de diminuer les indemnisations si les habitants ne l’acceptent pas de suite, annonce mensongère du non versement des assurances pour les habitations en zones noires, rumeurs diverses telle que l’impossibilité de transmission des biens situés en zones noires….


De leur coté, les maires sont sommés de signer les arrêtés d’expropriations ce qu’ils refusent. Ils essaient en vain d’avoir des explications. Ils n’ont aucun terrain à proposer aux personnes expropriés qui veulent reconstruire sur la commune. Les informations sont éparpillées.

Le manque de communication est tel que les élus et les associations indiqueront à Ségolène Royal lors de la réunion de Bourcefranc du 19 avril que c’est leur première invitation à dialoguer ensemble.

Et puis des voix commencent à s’élever : la prévention du risque de submersion marine se limite t il au zonage ? De quel risque parle t on ? Du risque d’inondation ou du risque vital ? Comment les hollandais et les japonais s’y sont ils pris eux qui habitent en dessous du niveau de la mer ? Pourquoi ne pas demander tout simplement la construction d’un étage ? Le risque s’arrête t il aux limites du département de la Charente-Maritime ? Pourquoi les digues et les systèmes de gestion des flux de marées construits au XIX ème n’ont-ils pas été entretenus ? Pourquoi cette mémoire s’est elle perdue ? Pourquoi appliquer la même solution à toutes les communes quand les conditions de submersion ont été particulières d’un endroit à l’autre ? Quelle est la fréquence prévisible de ce phénomène ?

Le nombre de questions et l’importance de la problématique nécessite à l’évidence la mise en œuvre d’une délibération collective citoyenne. Pourquoi ne pas avoir utilisé la méthode de délibération collective mise en œuvre dans la démocratie participative afin de trouver des solutions partagées, respectueuses, équitables et efficaces ?

Après le temps de l’urgence, il y a nécessité du temps d’écoute, du temps de la proposition et du temps de la décision. Il y a nécessité d’éclairer l’ensemble des élus, des habitants et des représentants de l’état par des expertises transparentes et contradictoires afin de partager le diagnostic. Puis de partager les solutions. Puis de les adapter à chaque commune en respectant le choix de chacun des habitants.

Ce temps nécessaire de la délibération collective est aussi le temps nécessaire du réconfort, et du deuil après un traumatisme de cette ampleur.

C’est tout le sens de la démarche actuellement menée par la Présidente de la Région-Poitou-Charentes.


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