vendredi 2 octobre 2009

Vidéosurveillance: un rapport officiel qui ne prouve rien

Par Laurent Muchielli sur Médiapart

Un rapport du ministère de l'Intérieur sorti durant l'été 2009 affirme démontrer enfin l'efficacité préventive, dissuasive et répressive de la vidéosurveillance (rebaptisée «vidéoprotection» pour rassurer tout le monde).

Ce 2 octobre, le premier ministre a annoncé le triplement du nombre de caméras - 60.000 en 2011.Ce rapport tombe à pic dans la mesure où les pouvoirs publics fondent aujourd'hui de plus en plus leur politique de prévention de la délinquance sur cette technologie, de sorte que toutes les collectivités locales sont progressivement confrontées à la question.

Or l'analyse impartiale réalisée par les deux meilleurs spécialistes français de la question conduit à contester la plupart des affirmations de ce rapport.

En réalité, l'efficacité de la vidéosurveillance n'est toujours pas démontrée.

La France doit-elle s'engager les yeux fermés dans cette mode au moment même où l'Angleterre en revient avec dépit ? Est-il raisonnable d'y investir des budgets publics de plus en plus tendus, au détriment fatal de toutes les autres actions de prévention ?

On en doute sérieusement après avoir lu l’analyse de ces deux chercheurs:

Une seule certitude: l'efficacité de la vidéosurveillance n'est pas prouvée

La vidéosurveillance a montré son « efficacité en matière de prévention de la délinquance » affirme un récent rapport du ministère de l’Intérieur. Pourtant, dans ce rapport, rien ne permet de le démontrer. Examinons ses trois principales conclusions pour s’en convaincre.

1) La vidéosurveillance : un outil dissuasif ?

Cette conclusion s’appuie sur une analyse comparative des chiffres globaux de la délinquance entre l’ensemble des villes équipées avec toutes celles qui ne le sont pas. ....
.. Or, les auteurs du rapport présentent systématiquement l’évolution du nombre de faits sans en préciser le volume.

Et, ils « mesurent » l’impact de la vidéosurveillance en s’appuyant sur les chiffres de la délinquance générale. Mais celle-ci recouvre des délits si divers qu’il est difficile d’en tirer un quelconque enseignement : chèques volés, infractions économiques ou au code du travail, autrement dit des délits sur lesquels la vidéosurveillance n’a pas vocation à agir ! Faute de respecter ces règles méthodologiques, il est impossible d’inférer une éventuelle baisse de la délinquance à la seule présence d’un système de vidéosurveillance. C’est pourtant le tour de force auquel se livrent les auteurs.

Un exemple pour l’illustrer. Dans les 26 circonscriptions de sécurité publique dans lesquelles ont été réalisées des analyses comparatives, la délinquance de proximité semble, sur la période 2000-2008, connaître une baisse sensible (-33,8 %) en zones équipées de caméras. Mais la baisse est aussi significative (-30,5%) dans les zones non-équipées. Idem pour les atteintes aux biens : -28,1% en zones équipées, -26,1% en zones non équipées !

Si l'on considère que cette différence entre les deux zones (2 points) est minime, on peut donc affirmer qu'il est possible d'arriver à des résultats similaires sans caméra ! Telle n’est pas la conclusion des auteurs. Ils en déduisent, au contraire, une diffusion des bénéfices de la vidéosurveillance au-delà des zones équipées.

2) Une amélioration des taux d’élucidation ?
Certes, la vidéosurveillance permet aux services de police d’élucider des affaires, mais une part marginale. C’est d’ailleurs la conclusion que les auteurs auraient dû tirer des chiffres qu’ils avancent. Dans l’échantillon retenu de 63 brigades de gendarmerie, 770 faits ont été élucidés grâce à la vidéosurveillance en 2008, soit 12 faits par an et par brigade (autrement dit, 1 par mois). On comprend dès lors assez mal comment les auteurs peuvent en conclure que la vidéosurveillance génère « une amélioration significative du taux d’élucidation dans la majorité des communes équipées de vidéoprotection » … à moins que d’autres facteurs n’expliquent l’amélioration du taux d’élucidation, ou que celui-ci soit extrêmement faible ! Mais, sur ce point, le rapport ne dit mot.

3) La densité de caméras renforce t-elle la dissuasion ?
Cette conclusion est tirée d’une analyse du nombre de faits constatés en fonction de la densité de caméras par habitant de l’ensemble des circonscriptions de l’échantillon. Les chiffres présentés dans le rapport prouvent pourtant le contraire. Les écarts observés aussi bien pour la catégorie « délinquance de proximité » que pour celle des « atteintes aux personnes », sont statistiquement insignifiantes (de l’ordre de 1 point).

Mieux, concernant les atteintes aux biens, les auteurs concluent que « l’évolution est mieux maîtrisée dans les zones ayant une densité de caméras comprise entre une caméra pour 1000 à 2000 habitants » que dans celles où la densité est inférieure. Mais comment expliquer que dans les zones où la densité est plus importante encore (soit 1 caméra pour moins de 1000 habitants), le nombre des atteintes aux personnes y est nettement supérieure ? Tout simplement parce qu’il n’y a pas de corrélation systématique entre la densité de caméras sur un espace et l’effet préventif de la vidéosurveillance.

A la lecture de ce rapport, il ne nous reste qu’une seule certitude : l’efficacité de la vidéosurveillance n’est pas prouvée

(Une version plus développée et référencée du document est publiée surwww.laurent-mucchielli.org).

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17 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle obstination!

Vous n'avez rien de plus intéressant à nous livrer?

Françoise Mesnard a dit…

Un euro dépensé doit être un euro utile . Il est donc normal de se préoccuper d'une dépense de plus de 130 000 euro pour la Ville de Saint Jean d'Angely dans un système de video surveillance.
Si la video surveillance est inefficace, il est inutile de dépenser une telle somme qui pourrait etre très utilement investie ailleurs

Anonyme a dit…

alors là tout à fait d'accord avec vous. Les obstinés ce sont eux.Nous avons à faire à des irresponsables qui sabotent le budget augmentent les déficits et préparent une belle dette pour nos enfants

Anonyme a dit…

Qui est rensponsable de la délinquance "de proximité" (vol à l'arraché, petits cambriolages etc...) En général, sans jetter la pierre, ce sont des jeunes de 15 à 30 ans.
Que fait-on pour eux en ville ?
RIEN. pas une maison des jeunes (MJC) RIEN. Ah si, les rébarbatifs du Rotary organisent des soirées pour leur dire de pas boire de l'alcool ou reçoivent le "curé des loubards" qui était ouvertement désespéré lors du dernier salon du livre de n'avoir pas rencontré le moindre jeune à sa conférence...
Pas étonnant ensuite, que dans un désoeuvrement quasi-total, ils commettent des actes de délinquance. Au moins, ils seront filmés, comme dans une émission de télé-triste-réalité.

Anonyme a dit…

130 000 euros: inexact

Comment jugez vous ex-ante l'efficacité d'un système non encore installé?

Les irresponsables ce sont ceux qui n'ont rien fait de cette ville pendant une génération.

Le PS trouvait le plan de relance bien trop insuffisant: qu'aurait alors été le déficit avec le PS aux manettes?

Françoise Mesnard a dit…

cout des cameras (estimation donné par le maire) 90 000 euro
cout de l'installation des poteaux(information donnée par M Castagnet 22 000 euro)
installation des cameras et maintenance ? ( pas d'information a ce sujet)
d'ou mon estimation d'un cout supérieur à 130 000 euro

tout projet doit faire l'objet d'une évaluation des bénéfices attendus avant sa mise en oeuvre
, c'est la moindre des choses

Anonyme a dit…

observez chers amis, dans la ville de st jean d'angely, vous avez des visages souriants et des visages fermés. Les sourires le plus souvent chez les gens de modeste condition, les visages tristounets et grincheux chez les gens bien établis. Vous leur tendez un tract pour ceci ou cela, et ils vous répondent "ça ne me concerne pas".....Alors moi je vous distout de suite je préfère être pauvre que riche,ils n'ont vraiment par l'air d'être très heureux les nantis....comment voulez vous qu'ils s'intéressent aux problèmes de la jeunesse alors qu'ils ne pensent qu'à eux.Qu'on leur donne du travail à ces jeunes mais du travail un peu mieux rémunéré. L'exploitation des jeunes et des travailleurs n'est pas acceptable.
nos umpiste pourraient-ils vivre avec ces salaires de misère. Alors que, je cite les quotidien, Kosciusko , morano et les autres perçoivent des salaires mensuels de plus de 15000euros par mois M. Copé 2OO.000euros ses indemnités plus les revenus de son cabinet d'avocat. Et après cela nous nous devons faire des sacrifices........On a bien du mal déjà au 15 du mois.....qu'est-ce qu'ils leur faut de plus........POURQUOI NE REDUIRAIENT-ils pas leur train de vie........Tous ces beaux donneurs de leçons.le déficit c'est toujours de la faute des malades, des handicapés, du service public.... BASTA AMIGOS c'est pour quand la prise de la BASTILLE?.......

Castagnet a dit…

Mme Mesnard

Je n'aime pas que l'on parle à ma place.
Pouvez vous me dire ou j'ai dit 22.000 €

jacques Castagnet

Françoise Mesnard a dit…

Monsieur Castagnet,

personne ne parle a votre place ,

ce sont des informations qui sont portées à la connaissance de tout élu municipal qui le demande

toute dépense publique doit faire l'objet d'une décision transparente qui n'a pas à être cachée

Anonyme a dit…

M. castagnet se trouve vite offensé,mais qu'à cela ne tienne pourrait-il nous expliquer pourquoi M. le Maire a mis en doute le groupe CELA (le groupe était d'après lui insolvable.....)les Angériens ont donc douté à tort et c'est ce manque de franchise de nos responsables municipaux que nous n'acceptons pas..... CELA souhaitait s'investir dans les termes de St Jean. Or nous avons appris, pas par la Municipalité mais par des personnes de cognac que CELA qui souhaitait fortement s'implanter dans la région à signé avec la Municipalité de cognac (Municipalité Socialiste) un compromis de vente pour les chais Monnet. Là seront donc créés un grand centre de remise en forme et un grand centre touristique, et le plus important création de nouveaux emplois. Voilà à mon sens ce dont avait besoin saint Jean et non pas de ces parcomètres et caméras relevant d'un régime plus que bolchevique......on fait les petits coups dans le dos , mais un jour cela retombera sur les responsables de ces décisions arbitraires sans fondement.la délinquance = trop de jeunes sans boulot.......Il faudrait d'abord changer la société et la rendre plus humaine et plus juste.......

Anonyme a dit…

Je le répète : guérir un mal (la délinquance) est moins efficace que de prévenir la cause de ce mal. En la matière, les caméras sont un cautère sur une jambe de bois.Une Maison des Jeunes et de la Culture (par exemple et cela coûterait moins cher qu'une déviation routière qui va désertifier encore plus notre ville (en particulier lors des vacances, les touristes contourneront désormais totalement la ville !). C'est un aveu d'impuissance que d'installer des caméras sans offrir des activités culturelles qui éloignent de la tentation de la délinquance. A Levallois-Perret, où la droite dirige les affaires, les stades, les centres culturels,les gymnases aux normes (Le Coï c'est bien vieillot) ont été construit avant et pendant le réseau de télésurveillance. Et les jeunes (et les autres) sont heureux de vivre dans cette ville, car ils ne sont pas traqués en permanence mais accompagnés pour vivre une existence meilleure qui leur permet d'échapper à l'ennui qui préside à tous les vices, en particulier celui de la délinquance. Les caméras toutes seules ne servent qu'à monter les gens les uns contre les autres. Parkings, déviations, caméras Stop ! Il faut sans doute y penser mais sans politique culturelle d'accopagnement, la population partira mais la délinquance restera !

Anonyme a dit…

Bravo, Anonyme de 21 heures !
Il vaut mieux, en effet, une noria de poids-lourds, au quotidien, allées d’Haussy, devant les écoles.
Stop à la déviation ! ( A propos, quelle est l'équipe municipale qui en a réalisé la première tranche ?)

Merci aux prédecesseurs de l'équipe en place pour avoir, pendant 19 ANS, fait tant de prévention qu'on en est arrivé à la situation actuelle.

Je suis en accord avec vous, Madame Mesnard, un euro dépensé doit être un euro utile . Quel dommage que vos amis ne vous aient pas écouté lorsqu’ils ont doté Saint-Jean de son suberbe musée, gouffre financier sans fond. A pardon ! Cela devait, sans doute, faire partie du plan de prévention de la délinquance.

Anonyme a dit…

La politique culturelle n'a nourri personne ni rajeuni la population.

Continuez à rêver pendant que la planète tourne.

Le Patriarche a dit…

Georges ORWELL avait-il le même génie visonnaire que Jules Verne.

J'ai entendu sur France-Info(je crois) que Londres, passé maitre en Caméras de vidéo-surveillance allait mettre en ligne les caméras publiques. Tous les détectives-amateurs et autres délateurs en puissance pourront à leur guise surveiller et dénoncer les infractions commises par les citoyens.

Petit à petit, incidieusement, les marches sont gravies....

Le Patriarche

Le Patriarche a dit…

Pour ceux qui doutent, voici un lien sous "nouvel obs.com" qui traite de cette information...

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/vu_sur_le_web/20091007.OBS3834/une_societe_propose_de_remunerer_les_denonciations.html

Le Patriarche

Anonyme a dit…

A ces anonymes qui critiquent le musée, rappelons que plusieurs Angériens ont donné leur collection : Audouin-Dubreuil l'explorateur, M. laurent, un professeur-collectionneur etc. et que notre ville méritait en conséquence un nouveau musée, certes agencé de manière trop scolaire et dont les vitrines minimalistes sont peu réassorties, mais bon, il est possible de faire vivre ce musée autrement : Et je suis 100 % d'accord avec l'interlocuteur qui préfère la culture (Un vrai cinéma, une vraie salle de théâtre, une MJC etc) à ces programmes routier de déviation, ces caméras déshumanisée qui n'apporte rien de glorieux à la ville, à part un isolement de plus en plus grand. Si cela continue, St Jean va devenir le village des gaulois d'Astérix, la potion magique en moins !!!

Anonyme a dit…

Je ne crois plus en la vidéo-surveillance. J'ai été moi-même victime d'une infraction au coeur d'une des artères principales de ma ville, j'avais mis tous mes espoirs dans la vidéo-surveillance pour que l'on puisse faire condamner l'auteur et comme par hasard, il s'avère que dans cet endroit, pourtant très fréquenté du centre-ville, il n'y avait pas de vidéo-surveillance, c'est du grand n'importe quoi, on fait croire aux gens qu'ils seront mieux protégés, et c'est de la "foutaise" (excusez moi pour ce mot mais je suis en colère).