la vérité sur les 35 heures
Je fais suite à un post d'un internaute qui pose la question de la pertinence des 35 heures sur l'emploi.
Une particularité française dans les années 70-95 était de créer peu d'emploi en période de croissance en raison de l'augmentation importante de la productivité des salariés français. Cette augmentation est due à la qualité de la main d'oeuvre française lié à un très bon niveau d'éducation. Ainsi, de la fin des années 70 jusqu'au début des années 90, la production a augmenté sans augmentation de l'emploi. Et le chomage n'a cessé de progreser avec les dégâts sociaux que l'on connait.
C'est sur la base de cette observation que le partage du travail a été mis en oeuvre. D'abord par M de Robien puis par Martine Aubry. Il s'agissait de faire diminuer le chomage, qui a un cout très important en terme humain et financier. Il existe une différence d'espérance de vie de 18 ans entre un salarié et un chomeur !! Et il s'agissait de diminuer la pression de la productivité sur ceux qui travaillaient. Toutes les enquêtes montrent d'aileurs que les 35 heures satisfont les 2/3 des salariés.
De fait, c'est la méconnaissance des évolutions dans la reditribution des bénéfices des entreprises qui a fait échouer l'idée du partage du travail. En effet, le capitalisme financier a remplacé le capitalisme industriel . Les marges de manoeuvre des entreprises productives ont été considérablement diminué par les dividendes versés aux actionnaires. Ainsi, la redistribution des bénéfices des entreprises vers les salaires a diminué de 8 % en 30 ans au profit des dividendes des actionnaires.
De fait, pour "passer aux 35h", les entreprises ont bloqué les salaires pour survivre tout en continuant a maintenir une production sur 35h égale a la production en 39 h. Et en y ajoutant la flexibilité offerte par la loi. Ce sont principalement les entreprises manufacturières de production ou de services qui ont été les plus contraints. Par exemple, un actionnaire de Carrefour touche plus de 7000 euros de dividendes par action quand une caissière travaille a temps partiel pour le SMIC.
Les grands perdants dans cette affaire ont été les ouvriers et les employés de service avec des conditions de travail dégradés et des salaires de misère.
Un exemple. Dans une entreprise de métallurgie de mon secteur, les ouvriers qualifiés entrés dans les années 60 ont un salaire de plus de 2000 euro avec des horaires de jour, en revanche, les ouvriers qualifiés entrés dans les années 80 ont des salaires de 1100 euros et travaillent en 2x8 . Alors , on ne peut les blamer d'avoir été sensibles aux sirènes du célèbre 'travailler plus , pour gagner plus" le problème c'est qu'en terme de productivité ,ils sont déja au "taquet" et travailler plus va se traduire pour eux par des problèmes de santé au travail. De plus, les entreprises ont déja tous les outils de la flexibilité grace aux 35 heures et n'ont pas forcément plus d'heures sup a donner aux salariés.
Le vrai problème n'est donc pas les cotisations sociales versées aux salariés qui ne sont en fait que des salaires diférés. Le vrai problème est l'importance les dividendes versés aux actionnaires et qui ne permettent plus aux entreprises de financer des bureaux de recherche, des investissements en équipement de production et des salaires corrects. Car si aujourdhui, la redistribution des bénéfices vers les salaires était restée la même qu'en 1960, il n'y aurait pas de problème de pouvoir d'achat et d'équilibre de la Sécurité Sociale. Et les conditions de travail dans les entreprises seraient autres.
3 commentaires:
Bonjour Madame Mesnard, très bonne explication et cela fait du bien de lire la "vérité"...enfin.
Merci.
Cordialement.
Merci de votre réponse et bravo pour votre réactivitée. N'ayant pas l'esprit aussi vif que vous (question d'âge), je vais analyser tranquillement votre texte ; deux choses pourtant méritent reflexion immédiate : 7.000 € de dividende par action Carrefour ? Dans le bassin d'emploi de Saint Jean d'Angély, conbien il y a t-il d'entreprise du CAC 40, ou pour le moins dépendant de la bourse et des fonds de pension ?
Merci.
la question n'est pas aussi simple... il faudrait demander combien d'entreprise sont en filiale ou en sous-traitance.. exemple : une concession automobile est soumise au règle du jeu de leur constructeur qui est régit par un système d'actionnariat... les entreprises de BTP de moyenne importance racheté par des groupes alimentés par des fonds de pension.. les franchises commerciales.. notre fournisseur d'eau la SAUR ...
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