LE RAPPORT COLLECTIF 2007 DES MEDECINS DU TRAVAIL DE BOURG EN BRESSE

C’est le 14 ème Rapport annuel de ce collectif connu et estimé au sein de la profession

Leur constat est simple "les atteintes au travail physiques et psychologiques ne cessent de s’aggraver depuis deux décennies et nous atteignons un sommet de gravité "

En 2007, il est observé :

deux évènements qui parlent en négatif du travail mais en signe l’importance pour la population :
-les suicides au travail , crête dramatique de l’immensité de la souffrance au travail
-l’impact pendant la campagne présidentielle de la valeur travail qui , faute de propositions
alternatives fortes et cohérentes a eu des conséquences redoutables

"il y a urgence en terme de prévention des atteintes psychologiques avec pour corollaire l’urgence politique à repenser le travail"

trois évènements qui parlent en négatif de l’incurie ancienne et persistante du système de prévention malgré les effets d’annonce :

- L’inculpation d’un médecin du travail dans l’affaire de l’amiante
- Des scandales dans la gestion patronale des services de médecine du travail (medef)
- Une affaire scandaleuse d’atteinte à l’indépendance des médecins du travail (affaire du Dr Garoyan réintégré après un licenciement abusif pour avoir dénoncé une situation de souffrance au travail chez IBM)

Ce qui frappent mes confrères, "c’est le changement dans l’échelle de gravité quantitative (tous les corps de métier) et qualitative (les déconstructions de l’identité professionnelle, puis personnelle puis de la santé) des atteintes de la santé des salariés". Il notent une paupérisation croissante de nombreuses catégories de salariés même en CDI .

Et dans le même temps, ils dénoncent la violence croissante qui s’exerce sur les médecins du travail

Il est décrit les attaques, dénigrement, intimidations avec injonctions manipulatoires dont ils font l’objet ainsi que leur isolement " le médecin du travail se retrouve terriblement seul et en danger de représailles . Il en irait autrement s’il pouvait compte sur le soutien efficace des autres acteurs de l’inspection du travail et de la CRAM légitimés et libérés eux-mêmes de leur enclavement et en s’adjoignant l’aide de tous les acteurs efficace"


Alors que les médecins du travail sont parfaitement à même d’identifier les situations de souffrance au travail, ils sont dans l’impossibilité de faire émerger ces questions en vue de les aplanir dans l’espace interne des entreprises .


Ils observent une situation de déni de l’ensemble de la société

Un système de prévention inopérant

Il est dénoncé "l’hypocrisie institutionnelle du système de santé au travail qui a été entièrement délégué aux partenaire sociaux et au compromis social qui fait le lit de tous les dérapages" alors qu’il s’agit d’un problème de santé publique actuel majeur car source des plus grandes catastrophes sanitaires de ces dernières années.

"Le déni de ces questions a fait le lit de l’affaire de l’amiante qui est en train de se reproduire à la puissance N "

La casse du Code du Travail
La situation nécessite plus de démocratie sociale dans les entreprises. Mais ils soulignent l’incroyable partialité de certains acteurs politiques qui feignent d’ignorer le grand déséquilibre dans les rapports de force dans le monde du travail .

Travailler plus
Ces deniers mois, les médecins du travail s’inquiètent "comment pourraient-ils travailler plus ?? ils sont déjà totalement épuisés ". ( Chiffres 2005 du Bureau Américain des statistiques du travail : le salarié français a atteint un des meilleurs taux de production horaire au monde avec 71 900 dollars de richesse produite par an contre 59 100 pour un allemand).
Cette intensification du travail est responsable d’une véritable épidémie de troubles musculo-squelettiques. "Nous sommes dans une hyper saturation des possibilités humaines" .

L’éloignement de l’age de la retraite
Il est dénoncé la culture des chefs d’entreprise français pratiquant une sortie précoce des plus de 50 ans pour cause d’inutilité contrastant avec le discours sur le sauvetage du système de retraite par un allongement de la durée du travail
Les médecins du travail observent la difficulté de tenir pour les plus de 50 ans du fait des contraintes délétères d’ordre psychique. Il est violent de constater le peu d’empressement des décideurs de s’occuper de cette question cruciale.

L’annonce du contrôle patronal se substituant au contrôle de la Sécurité sociale
Il est dénoncé la violence de la sous-prise en charge des salariés atteints et du fait que les entreprises ne paient ce qu’elles coûtent en terme de dégâts sur la santé des salariés et des discours sur le soi-disant trou de la Sécu


Il serait parfaitement juste de décréter CAUSE NATIONALE la question de la reconstruction de l’identité au travailler mieux


"Nous avons entendu parler d’un projet de civilisation alors que nous arrivons le matin avec l’oppression de vivre dans une barbarie montante" .

"La question de la centralité du travail, fondée sur nos propres observations et confirmée par d’autres chercheurs est à ce point fondamentale que l’on peut mesurer quelle avancée en santé publique mais aussi en paix sociale procurerait une humanisation au travail, à remettre l’homme au cœur des organisations et des décisions, les potentiels d’amélioration sont énormes dans le creuset qu’est le vivre ensemble au travail, le faire ensemble, actuellement fracturée" .