
A propos du travail
J'ai assisté pendant deux jours aux Rencontres de Santé au travail du Poitou-charentes à La Rochelle.
Inutile de vous dire que le constat des professionnels sur la situation de santé des salariés est catastrophique. Suicides liés au travail (sur lesquels il n'existe aucune données sérieuses), augmentation exponentielle des troubles musculo-squelettiques liés à l'intensification du travail, troubles psychologiques liés aux atteintes de l'estime de soi., cancers professionnels . La France est au hit parade des problèmes de souffrance au travail.
Et la situation ne cesse d'empirer . Les raisons de cette situation sont plurielles (je les détaille dans un texte en ligne sur le site SMT http://www.a-smt.org/textes/MESNARD2007.pdf)
Et pourtant , le travail est un formidable moyen de construction et d'épanouissement de soi. Parce que le travail est avant tout humain. Cette dimension n'a jamais été reprise par les syndicats et les partis politiques. En particulier, la vision marxiste n'aborde jamais cette dimension entre capital et travail. Je ne parle même pas de la vision capitaliste.
Tout se passe comme s' il était établi que le travail ne pouvait être que souffrance . Savez-vous que travail vient de tripallium , instrument de torture. Cette vieille idée catholique de la rédemption par la souffrance a la peau dure "travaillez dur sur cette terre et vous serez heureux au paradis". Théorie bien commode pour nos capitalistes.
Certains philosophes comme Dominique Méda ont essayé de sortir de cette vision du travail en proposant la fin du travail.
Et si la solution n'était tout simplement pas de revendiquer d'être heureux au travail , d'un droit à un travail de qualité. Cette approche permettrait de démonter tous les postulats qui permettent de justifier la situation actuelle.
Et je ne parle pas des perpectives que cela ouvrirait pour notre société?
A lire sur ce sujet les travaux de Serge Volkoff, directeur du CREAPT http://www.ac-creteil.fr/sms/idf/formation/colloque04/volkoff.htm
3 commentaires:
Complètement d'accord sur le fond, prendre plaisir au travail c'est le projet professionnel idéal. Pour cela, il y a quelques passages obligés. Tout d'abord il faire le boulot que l'on a choisi, le préalable étant l'éducation et la formation. Ensuite, il faut travailler dans des conditions matérielles et morales correctes et pourquoi pas confortables. Il est désolant qu'au 21ème siècle, la course à la productivité soit encore d'actualité et que le principal levier pour ne pas dire le seul, soit de faire travailler plus (et donc plus mal)la main d'oeuvre. Quel calcul à court terme et stupide !!!
Enfin, il faut que le travail reçoive une juste rémunération, c'est à dire qu'il procure un revenu qui permette de vivre correctement suivant les normes de vie du moment.
Au slogan de Monsieur Sarkozy, je préfèrerait entendre "Travailler mieux pour vivre mieux".
... et si ajoute aussi retrouver le sens du travail, une charge de travail acceptable pour la physiologie humaine et des relations professionnelles de qualité dans le respect du travail bien fait...
Mieux vaut en rire :
Le suicide au travail : une chance pour la croissance
Contrat ultime embauche
Qu’ils concernent des ouvriers ou des cadres de grandes sociétés, les cas, de plus en plus fréquents, de suicides liés au stress professionnel sont la preuve incontestable des succès du monde entreprenarial, aidé du cadre favorable instauré par les pouvoirs publics. En quelques années d’action déterminée, la valeur travail est parvenue à irriguer de nouveau tous les vaisseaux du tissu citoyen, parvenant même à drainer quelques gouttes de sueur jusqu’au caveau familial.
Le CPE, mesure décriée par une gauche en mal de racollage, était sans doute inutile pour alléger les contraintes sociales pesant sur nos entreprises : ici encore, le marché, en trouvant par lui-même la réponse aux défis contemporains, montre sa supériorité face au dirigisme d’un autre âge que souhaiterait tant restaurer l’hydre royaliste au soir du 6 mai 2007.
« Avec mes gosses et mon emprunt pour la maison, si vous me virez, vous signez ma mort ». Cet argument puéril, cette tentative maladroite de chantage affectif, combien de responsables des ressources humaines ont du le subir au cours de leur carrière ? Relevant bien souvent d’une forme particulièrement vulgaire de bluff, il arrivait pourtant parfois que ces propos soient suivis des actes qu’ils annoncent. Venait alors, pour l’employeur démuni, le temps de l’opprobre, des remords et de la stigmatisation par une presse quotidienne régionale acquise au marxisme le plus sauvage.
Même s’il est peut-être prématuré de se réjouir, tout indique aujourd’hui que cette ère de terreur touche à sa fin. La multiplication des cas de suicide liés au travail a, petit à petit, ouvert la porte à un changement salutaire des mentalités, jadis enserrées dans un carcan idéologique archaïque hérité de l’abbépierrisme le plus régressif.
Qu’il s’agisse de cadres du secteur bancaire, d’ouvriers qualifiés de l’industrie automobile ou d’ingénieurs de centrales nucléaires, l’exemple donné à plusieurs reprises ces derniers temps est à tout le moins révélateur d’une nouvelle relation au travail : plus saine, plus pure, plus fusionnelle. S’identifiant intégralement à son travail, aux intérêts de son entreprise, le salarié rejette désormais en bloc effets nocifs de cette pensée rétrograde qui, pendant vingt ans, n’a fait qu’inciter les travailleurs à dévorer la main qui les nourrit.
Oui, le monde du travail a mûri : conscient du fait qu’une Rolex fait pâle figure au bout d’un moignon, condamnant l’incitation permanente à l’oisiveté voulue par la vermine socialisse, et ayant parfaitement intégré dans son système de valeur la honte de la contre-performance, le salarié est désormais entièrement mobilisé dans la guerre totale que notre bravepatrie livre au chômage.
Dressées comme un seul homme, nos hordes laborieuses ont définitivement dit “Non !” : non aux 35 heures, non aux congés payés et à l’assistanat, non au droit syndical, à ces étreintes empoisonnées qui, de Bagnolet à Vladivostok, ont garni des charniers, causé des famines, et généré l’insécurité dans nos cités en perte d’identité nationale (le rapport de cause à effet est à cet égard parfaitement évident).
« Mon travail, c’est ma vie » : telle pourrait être la devise qui, dans le coeur des Français, devra remplacer « Ensemble tout devient possible » à partir du 7 mai.
Un bout de corde, un garde-fou un peu lâche sur un viaduc, un robinet de gaz difficile à fermer... les voici, les outils rudimentaires du redressement économique national, outils bien suffisants qui permettront, grâce à l’ingéniosité congénitale du peuple bravepatriote, de remédier à des problèmes jadis jugés insolubles. Chômage, financement des retraites, mollesse de notre croissance économique : autant de gageures dont un turn-over radical et efficace de la population active permettra de triompher aisément.
Mais au fait : à qui attribuer la paternité de cette nouvelle méthode de management ?
Si le recentrage de la société autour de la valeur travail a été l’un des chevaux de bataille de notre gouvernement, le monde patronal n’en a rien eu à branler et a néanmoins su trouver seul les ressorts d’une gestion optimale des travailleurs. Un audacieux système de pressions en cascade tout au long des chaînes hiérarchiques, combiné avec une politique volontariste basée sur le résultat et un rappel permanent des contraintes de la mondialisation, sont un premier élément de réponse.
Mais pas le seul.
« Créer une ambiance, voilà le secret », nous confie Michel Martinet, vice-président de la Compagnie Albigeoise du Rotin, rompu aux méthodes d’encadrement modernes.
« Ça tient à peu de choses : un rapport sur un projet de délocalisation en Bulgarie abandonné près de la photocopieuse, deux ou trois promotions accordées aux agents les moins méritants, les oeuvres picturales complètes de Munch pour décorer l’espace détente, du rock industriel pour remplacer la musique de l’ascenseur, un stage de motivation avec l’intervention d’Alain Minc, des postes de travail sous Windows 95... Nous avons créé un environnement propice. C’est notre Feng Shui à nous ».
Des investissements rapidement rentabilisés, qui ont permis en deux ans une réduction de 5 % des effectifs sans pénaliser les finances de l’entreprise.
En évitant indemnités de licenciement, dommages-intérêts et autres frais d’envoi en recommandé.
Une formule d’autant plus avantageuse que les maux découlant du stress ne sont pas reconnus comme une maladie professionnelle.
Bien entendu, le tableau n’est pas entièrement rose, et il serait naïf de voir en cette nouvelle forme de management la panacée, la réponse parfaite aux contraintes posées au monde de l’entreprise par la persistance des lois iniques hérités de l’ère krazuko-mitterrandienne.
Bien souvent, suicide inopiné rime, pour nos managers, avec désorganisation de la chaîne productive. « Lorsque Gisèle a mis fin à ses jours sans prévenir, c’est tout le process qui a subi un downgrading de plusieurs semaines, générant l’insatisfaction des prospects et l’échec de notre approche qualité, obligeant le board à instaurer un outsourcing transversal complet », nous apprend Jean-Louis, cadre dans une usine spécialisée dans la fabrication de coquilles d’huîtres en plastique.
L’existence reconnue de cas de suicides « en traître » rend en tout cas bien floue, dans le contexte de guerre économique actuelle, la frontière entre « héroïsme patriotique » et « désertion » du travailleur.
Face à de tels abus, qui rendent particulièrement ardue la gestion prévisionnelle des ressources humaines, une mesure s’impose : l’instauration d’un préavis obligatoire.
« Où alors une aide financière de l’Etat pour aider l’entreprise, profondément meurtrie par la pénible nouvelle, ouh la la ça oui qu’on est meurtris ! », précise Jean-Louis.
Ce renouveau profond des pratiques managériales est en tout cas riche d’opportunités pour nos jeunes diplômés qui devront, pour profiter à plein d’un marché du travail en plein essor, savoir s’adapter au nouveau contexte de l’entreprise, en mettant en avant leur adhésion entière aux méthodes modernes de management.
Un CV accompagné d’une ordonnance de Prozac, ou mentionnant un goût prononcé pour la musique de Leonard Cohen, voire un certificat de propension génétique au suicide établi par M. Sarkozy lui-même, seront autant d’atouts pour une entrée réussie dans le monde du travail.
Pensez à vous ronger les ongles avant l’entretien d’embauche, aussi.
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