mardi 7 mars 2006


Manif et pieds mouillés

Ce matin , je suis allée à la manifestation contre le CPE avec Mimi et Sylvie (parents de jeunes adolescents) et Antoine (jeune adolescent) à la manif . Le rendez-vous était à 11h devant le palais de justice de Saintes (photo ci-contre).

Nous étions 3000 selon les organisateurs et 2000 selon les RG à battre la semelle sous la pluie froide. En tous les cas, beaucoup de monde. Un manifestant , père de quatre enfants, a d'ailleurs fait remarquer que c'était toujours les mêmes (sous entendu , ceux qui étaient du mauvais coté de la barrière) qui étaient obligés de braver les élèments pour défendre leurs acquis.

L'ambiance était morose. Il y a une réelle inquiétude des parents pour leurs jeunes , et des jeunes eux-mêmes pour leur avenir .

Jeanine m'expliquait que ses 2 enfants étaient au chômage alors qu'ils sont diplomés (elle a une fille qui a un doctorat) .

Claude expliquait le parcours d'un jeune pour être embauché. D'abord , intérim . Une , deux , trois missions si tout va bien. Ensuite, dans le meilleur des cas , il lui est proposé un CDD; puis deux puis trois CDD. Ca peut aller jusqu'à deux ans. Enfin , au bout arrive le CDI qui se transforme depuis peu en contrat nouvelle embauche. Georges a expliqué que certains employeurs proposent des CNE en fin de CDD puis licencient quelques semaines après pour ne pas payer la prime de précarité de 5 %.

Julie m'expliquait qu'elle était en apprentissage d'esthéticienne , son ami était élctricien au SMIC et qu'il n'avait pas assez d'argent pour s'installer ensemble.

Bribes de conversation prises à la volée entre des jeunes : le premier se plaignant des conséquences de l'arrêt des cours pour son bac , le deuxième lui rétorquant que meme avec des diplomes , il ne trouverait pas de travail .

Christian, un syndicaliste a évoqué la série télévisée sur le combat des ouvriers métallurgistes qui passe à la télé en espérant que beaucoup de monde voit ce qu'était la situation ouvrière avant les combats syndicaux du XIX ème et du XXème siècle.

NDLR : Savez-vous que c'est à cause du mauvais état de santé des futurs conscrits que la première loi sociale limitant le travail des enfants a été voté en 1848. En effet, 3 conscrits sur 4 étant déclarés inapte au service, les parlementaires ont craint pour la défense de la nation .

Bref, tout cela m'a rappelé les propos de la présidente du MEDEF tenus le mois dernier : " le travail, c'est comme l'amour, c'est précaire"(sic). Je reste désarmée devant de tels arguments. J'avais plutôt le sentiment que depuis la préhistoire , l'humanité s'attachait à lutter contre la précarité et la fragilité de l'existence pour une vie meilleure.

L'argument de la précarité et de la flexibilité pour justifier la survie des entreprises n'a aucun sens car nous ne serons jamais compétitifs en face de pays qui ne respectent pas les droits humains et environnementaux les plus élémentaires .Va-t-il falloir s'aligner sur les conditions de travail et de vie des chinois pour être compétitifs ?

Le vrai problème est la difficulté d'être chef d'entreprise dans un environnement concurrentiel monopolistique et dans une recherche de rentabilité fianancière au lieu de l'innovation et de la création de richesse.

Demandez à un chef d'entreprise ce qui lui cause le plus de souci : son banquier, son distributeur ou ses salariés ; il vous répondra les 3, mon général, alors pourquoi ne tape -t-on que sur les salariés?

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