La république du Père Ubu
La politique de la performance peut donner d'étranges résultats... et j'en donnerais 2 exemples.
Monsieur Darcos vient d'annoncer que les enseignants seront désormais notés en fonction de la réussite de leurs élèves . Je passe sur l'usine à gaz nécessaire à monter pour évaluer la réussite des élèves . Je pars du principe que chaque enseignant va essayer d'avoir la meilleure note donc va chercher à ce que ses élèves aient les meilleurs résultats. Formidable me direz-vous ... certes.. mais s'il venait l'idée aux enseignants de choisir les meilleurs élèves, les meilleurs quartiers pour être bien sur de s'assurer de la réussite de leurs élèves et donc d'avoir les meilleures notes, que ce passerait il ???
Monsieur Sarkosy a décidé d' appliquer cette politique de la performance à l'hopital.. les hopitaux publics seraient classés en fonction du nombre de morts (sic)... alors, les hopitaux ne vont ils pas faire la même chose que les cliniques privés c'est à dire à sélectionner les malades en bonne santé ou les transférer à l'hopital le plus proche dès que les choses se gatent .. et ne pensez pas que c'est de la science fiction. En effet , un chirurgien du CHU de Poitiers m'a expliqué récemment que les patients qui lui étaient adressés par les cliniques privées étaient tous porteurs d'une maladie associée grave.
Comme disait Boris Vian "ya quelque chose qui cloche la dedans , j'y retourne immédiatement"
8 commentaires:
Bonjour
je partage votre point de vue concernant la notation des hôpitaux. Cela n'a pas grand sens s'agissant de situations géographiques et démographiques très différentes et donc de comparaisons impossibles.
L'évaluation des risques de maladie nosocomiale et leur notation peut rester interne au système pour amener les établissements à progresser. Le taux de mortalité est non signifiant.
S'agissant des écoles, permettez moi de n'être point d'accord.
D'abord vous faites peu cas de la vocation des enseignants et du plaisir incroyable que peut procurer ce métier quand dans un milieu social défavorable, la compétence et l'engagement de l'enseignant permet de révéler le potentiel de certains enfants et amorce pour eux l'ascenseur social.
La récompense visible de l'effort et du résultat est acceptable et nécessaire dans un environnement où les enfants ont très peu de repères.
Mr Darcos est probablement en train de remettre l'enseignement progressivement en capacité de réaliser sa mission. Il semble que la faible résistance et mobilisation des syndicats reflète un accord grandissant des enseignants sur les valeurs fondamentales de leur métier qui reviennent au centre des préoccupations.
Tout cela va plutôt dans le sens de redonner confiance aux enseignants dans leur rôle et confiance aux parents dans la capacité de ces derniers à socialiser nos enfants.
je crains que la vocation des enseignants soit mise a mal ces dernières années : dénigrement, non reconnaissance des difficultés sociales,missions nouvelles sans moyens correspondants (ex de l'accueil des enfants handicapés), réforme incessante avec perte de sens,
un enseignant vient de se suicider .
Ce triste événement ne peut pas être dissocié d'une réponse tout à fait disproportionnée de la justice et de la police à l'indiscipline d'un gamin.
La judiciarisation de l'indiscipline scolaire est une des résultantes du "laxisme" éducatif progressif depuis 20 ans qui a mis l'enfant au centre de tout et l'adulte coupable avant tout.
PS: à lire absolument le billet de Guillebaud (un charentais!) dans SUD-Ouest intitulé "Un prodigieux Hold-up" qui traite de la privatisation des profits et de la socialisation des pertes.
Impossible de contester son propos. Incroyable de constater que nous sommes tous d'accord là-dessus. De Partick Artus à Besancenot en passant par stiglitz et Fillon, c'est une évidence cruelle de vérité.
Or aucun état n'a rien pu faire pour prévenir le mal. Très inquiétant.
à propos de M.Darcos.....
13500 postes en moins dans l'Education Nationale voilà une cuieuse façon de ''remetre l'Education en capacité de réaliser sa mission!!supprimer les IUFM, tenir des propos spécieux sur les enseignants de maternelle encore une bien étrange manière d'encourager le service public d'éducation
La notation des enseignants en fonction des résultats de leurs élèves est une tarte à la crème démagogique qui satisfera la partie de la population qui ne cesse de déléguer toujours plus à l'école son rôle éducatif.
La notation des enseignants repose aujourd'hui sur des critères précis de conformité de l'enseignement avec les programmes nationaux, de la qualité pédagogique de leur mise en oeuvre, de la qualité de la préparation et la correction du travail, du niveau des productions des élèves.
Par ailleurs les évaluations nationales mesurent le niveau des élèves.
Les inspecteurs de l'Education Nationale mènent l'évaluation des maîtres et garantissent le sérieux du travail des enseignants.
Les effets pervers d'une notation selon les résultats des élèves conduiront bien à un tri des élèves .D'ailleurs l'abandon des secteurs scolaires préfigurent bien ce type de regroupement .
L'idée simple qui consiste à penser que de la seule compétence de l'enseignant dépendent les progrès des élèves procède d'une méconnaissance à la fois des processus d'apprentissages,de l'importance du développement affectif et des influences multiples: familiales, sociales, sociologiques qui concourent au développement de l'enfant.
Posons plutôt les vraies questions:
quel rôle la Nation assigne t-elle aujourd'hui à l'école ?
quelle culture commune l'Ecole doit-elle garantir à tous ses élèves ?
''Les Français ont une image enchantée de cette Ecole d'antan.
L'âme de la Nation s'est faite derrière des marroniers et des blouses grises;
Cette cultire n'avait pas pour objectif de permettre de faire des études longues. Elle avait l'avantage d'être sa propre fin, ce qui est très important. L'école Républicaine était une école parfaitement duale,dans laquelle le lycée n'avait aucun lien avec l'école élémentaire. Les enfants du lycée étaient des bourgeois qui faisaient du latin de manière très précoce:ils venaient du petit lycée. Le maître d'école avait pour fonction de distinguerl'enfant du peuple particulièrement vertueux, travailleur et courageux, dont il ferait un instituteur; et l'instituteur,lui,aurait un enfantparticulièrement courageux qui deviendrait professeur etc...''in l'Ecole des chances de François Dubet
Ces exemples d'ascenseur social ont fait croire à une école de l'égalité des chances alors que c'était une Ecole de l'élitisme Républicain où l'Instituteur fabriquait la Nation et distinguait les meilleurs éléments dont elle avait besoin.
Ce modèle qui n'existe plus pèse encore beaucoup dans l'imaginaire ,même si l'école aujourd'hui n'a plus le monopole de l'ouverture au monde ce qui rend la tâche des enseignants plus difficile encore.
Pardonnez la longueur de mon propos ...
pour conclure
Les enseignants ne sont ni résignés ni d'accord avec leur Ministre. Ils vous donnent rendez vous à Paris le 19 octobre pour manifester leur colère
La démonstration doit être d'autant plus longue que l'absence de résultat est tangible.
Surtout, anonyme 21:14, continuez à garder la tête sous le sable.
Darcos avance à découvert et dispose, à juste titre, du soutien de fait des parents et probablement de la majorité des enseignants.
du soutien pourquoi ?
- pour supprimer 13500 postes
- pour supprimer l'accueil en maternelle des 2/3 ans ?
je serais fort étonnée
je suis sensible à l'analyse historique de l'école de la République décrite par l'anonyme 21:14 et de ce qu'il dit de l'école de l'élite qui explique sans doute pourquoi l'école est devenu un reproducteur redoutable des inégalités
la vraie difficulté des enseignants est l'absence de projet politique "au sens noble du terme" de l'école de la République
Ainsi, il pourrait être décidé que la mission de l'école soit de ne laisser aucun jeune sortir de l'école en situation d'échec .. et je suis sure que cela permettrait de redonner sens et mobilisation aux enseignants
Est-il besoin de décider que la mission de l'école soit de ne laisser aucun jeune sortir en situation d'échec ?
C'EST SA MISSION !
Et le fait que des jeunes sortent de l'école dans cette situation veut dire que l'école ECHOUE dans sa mission.
Cela dit, est-ce que la réussite de l'école se mesure à l'obtention de diplômes par les écoliers, lycéens, etudiants ?
Nombreux sont les jeunes qui, bien que diplômés, ne trouvent pas d'emplois.
Sont-ils nuls ?
N'y a-t-il pas de travail ?
NON !
Aujourd'hui, ET DEPUIS DE TROP NOMBREUSES ANNEES, tout l'enseignement qu'ils ont reçu n'est pas adapté à une application pratique dans le monde du travail !!!!
les jeunes en sont conscients. Et c'est pour cela qu'ils ne croient plus à l'école, d'où l'indiscipline croissante !
IL FAUT DONC CHANGER !
Les enseignants : Se remettre en cause.
CE N'EST PAS LEUR VALEUR QUI EST EN CAUSE, MAIS LES PROGRAMMES, LES METHODES IMPOSEES, LE DEFAUT D'APPLICATIONS PRATIQUES, LA DISCIPLINE,...
Il suffit qu'ils acceptent de voir les programmes revus de manière pratique, de peut être changer quelles méthodes, et DE JOUER LEUR ROLE D'EDUCATEUR, en faisant respecteur la discipline.
Il faut pour cela qu'il en aient les moyens, en ayant le droit de prendre des sanctions (proportionnées, mais dissuasives) à l'égard des jeunes fautifs.
Les jeunes : Se remettre en cause
doivent accepter les règles élémentaires de disciplines, et les sanctions en cas de défaut.
dans la mesure où l'enseignement leur apparaîtrait plus pratique, il est vraisemblable qu'ils devraient se sentir plus concernés.
NE PAS RETENIR A L'ECOLE UN ENFANT QUI N'A RIEN A Y FAIRE !
Chaque enfant est une personne différente (et heureusement !)
Vouloir faire apprendre la même chose à tous est absurde !
Savoir reconnaître qu'un jeune a des aptitudes différentes, mérite un schéma de vie autre, et lui permettre de le suivre : C'EST AUSSI REUSSIR LA MISSION !
Les parents : Se remettre en cause
doivent reconnaître la compétence et le mérite des enseignants !
doivent accepter les sanctions prises à l'encontre de leur enfant. En confiant leur enfant à l'école, il réalise une VERITABLE DELEGATION DE "L'AUTORITE PARENTALE", par principe, l'enseignant a agi comme eux-mêmes aurait dû le faire.
SI CHACUN Y MET DU SIEN, ALORS L'ECOLE POURRA REUSSIR,
SINON .... LES DESORDRES NE PEUVENT QU'EMPIRER
Il est pas mal cet anonyme.
Je partage votre analyse précise et rationnelle et je vous remercie de votre éclairage.
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