Souvenirs d'été
Les longues soiréees d'été sont propices aux rencontres et aux discussions . Je ne parle jamais politique soucieuse de ne pas heurter ceux qui ont des opinions différentes.
Malheureusement, ce soir-là , je discutais gentiment avec mon voisin de table quand par inadvertance, un ami situé non loin de la me posa quelques questions sur mon travail d'élu .
Mon voisin , cadre supérieur d'une grande société d'assurance , comprit qu'il était assis a côté d'une socialiste. Il commenca à s'agiter . La conversation dévia sur le monde du travail et mon voisin compris que j'étais également médecin du travail. Alors là, cela a été le déluge. Dans le désordre "j'étais une fonctionnaire qui vivait aux crochets des entreprises" " que les seuls problèmes que les salariés avaient à régler étaient le réglage de leurs fauteuils de bureau" " que les entreprises n'étaient pas compétitives parce que les charges sociales étaient trop importantes" " que lui , dans son entreprise , c'était formidable et qu'il gérait beaucoup de personnel et qu'il y avait une excellent dialogue social" et j'en passe.
Je ne réponds pas à ces provocations mais là, il y était allé un peu fort. Je lui ai donc demandé de ne pas discréditer le travail que je faisais. J'étais médecin de prévention et compte tenu des problèmes de santé des salariés, cette mission n'était pas inutile Que si dans son entreprise , le dialogue autour de l'organisation du travail était bon, ce n'était pas le cas dans une majorité d'entreprises. Que ce n'étaient pas des charges sociales mais des salaires différés qui payaient la retraite, la santé et la formation. Que la compétitivité des entreprises dépendait plutot d'une meilleure organisation du travail, de l'innovation et de la formation.
Mon voisin a commencé à m'écouter puis il me lacha "oui mais ce que tu fais, ce n'est pas de gauche ". Je lui ai répondu que je faisais simplement le choix de soutenir les hommes et les femmes et pas des machines économiques.
Puis, il s'est mis à me parler de "sa difficulté à subir des formations de cadre au cours desquelles on lui apprenait à demander beaucoup aux salariés sans donner de contrepartie". Puis il a "regretté l'absence de contrepouvoir dans les conseils d'administrations d'actionnaires". Alors, je me suis dit qu' être cadre dans son entreprise devait être très douloureux.
Et puis je suis allée danser.
Hier, en lisant le dernier numéro d'Alternatives économiques , j'ai lu un article de Pierre CONCIALDI , économiste à l'IRES qui écrivait à propos des entreprises françaises " ...Tous les indicateurs montrent l'inverse: la productivité des salariés français est particulièrement élevée, même si on tient compte du taux d'emploi relativement faible dans notre pays. Et la France est très bien placée en terme de coût de main d'oeuvre surtout pour la main d'oeuvre ouvrière. Si les résulats en terme de compétitivité ne sont pas au rendez-vous , la responsabilité en revient aux entreprises. Une frange croissante du patronat devient non performant parce que trop accoutumée à la drogue de la baisse du cout du travail qui a constitué a travers les alternances, le socle des politiques publiques..."
1 commentaire:
Merci Françoise pour ce témoignage. C'est pour ça qu'on t'aime : tu es une femme de gauche qui ose laisser s'exprimer sa sensibilité (et son indignation) au service de ses idées ... sans oublier le geste thérapeutique présent ici aussi.
PS : encore merci pour mon blouson
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