samedi 10 mars 2007



Un certain dimanche 24 janvier 1994...

... "je me lève à 4h 30 du matin. Je sors dans la nuit glaciale pour me rendre au jardin public de ma ville.

Là , trois cars attendent. Des silhouettes s'interpellent , le café circule . Plus de 150 personnes venus de tout l'arrondissement en majorité des enseignants, et des parents d'élèves comme moi arrivent en quelques minutes . Panique, il n'y a pas assez de place dans les cars. Chacun donne aux responsables improvisés son obole pour payer le car. Enfin , nous partons . Je suis dans un vieux car scolaire fumant et pétaradant avec les enseignants de Tonnay-Boutonne et des parents d'élèves de Saint Jean d'Angely. Casse-croute, éclats de rire, l'ambiance est chaleureuse.

Dans la lumière blafarde du petit matin, en arrivant sur Paris, nous voyons une armada de cars affluer de toutes les rocades . Au péage, des centaines de cars attendent. Notre chauffeur nous annonce que toute la capitale est bloquée. Il est décidé de descendre Porte Champerret et d'aller à pied au lieu de départ de la manifestation. Sacs à dos , banderolles , écharpes , gants , la journée va être longue.

Les stations de métro sont fermées, des files immenses de gens emmitouflés marchent dans les rues d'un pas rapide . Certains s'arrêtent pour se réchauffer dans les bistrots bondés. Chacun a le sourire de voir cette foule immense.

Tout à coup, devant nous, une grande avenue noire de monde: c'est la manifestation. Nous comprenons qu'elle est organisée par numéro de département . Il faut donc rejoindre le 17 . Les avis divergent, on hèle un manifestant qui remonte la manifestation, les informations sont parfois contradictaires. Nous atteignons enfin le carré des braves de la Charente Maritime . Nos amis ont le nez rouge et tapent du pied dans une danse un peu étrange tellement le froid est humide. Le téléphone arabe fonctionne tout azimut. On apprend que nous sommes tellement nombreux que la manifestation n'arrive pas a démarrer. Et en effet , arrivé a pied d'oeuvre à 10 heures, nous commenceront à nous mettre en marche à ... 17 heures. D'ailleurs , un parisien déroulera une banderolle improvisée à sa fenêtre sur laquelle est écrit " VOUS ETES PLUS D UN MILLION "soulevant une acclamation incroyable. Nous savions que nous venions de sauver l'Ecole publique, laique , gratuite et obligatoire de la République.

C'était le 24 janvier 1995. François Bayrou était Ministre de l'éducation . Il avait décidé de financer les écoles privées catholiques remettant ainsi en cause notre bien le plus précieux , celui qui évite les guerres de religion, LA LAICITE DE NOTRE ECOLE REPUBLICAINE. Il a du retirer son projet de loi.

Je ne l'oublie pas. Ne l'oubliez pas non plus"

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