mardi 20 juin 2006

Les 35 heures...!!!

En politique , il semble impossible de reconnaitre ses erreurs par peur de se discréditer auprès de son électorat. Le résultat est un déni massif de la réalité exaspèrant pour les citoyens qui voient bien dans leur vie quotidienne que 2 et 3 ne font pas quatre. Pourtant, reconnaitre les problèmes liés a l'application d'une loi et ajuster en conséquence ne peut qu'être positivement perçu .

La réduction du temps de travail est de ce point de vue un exemple.

Cette belle et grande idée de partage du travail entre tous les citoyens, pour diminuer le chomage et ses effets dévatateurs, s'est heurté à des effets pervers mal évalué au départ. Ces effets perversont émergé dans deux cas de figures : les entreprises à faible valeur ajoutée c'est à dire principalement les entreprises manufacturières et de services et les entreprises où n'existaient aucun dialogue social. Ces situations, si l'on en croit une enquête menée par la CFDT dans les années 2000, ont concerné un tiers des salaris principalement des employés et des ouvriers.

Pour ceux là, la réduction du temps de travail s'est traduite par : des salaires bloqués deux ans avant et deux ans après la mise en place de la réduction du temps de travail, une intensification des ratios de production pour compenser la diminution du temps de travail avec apparition de problèmes de santé au travail, une flexibilité des horaires avec des plages horaires non payées au milieu des journées de travail, une augmentation des horaires variables posnat de véritables problèmes d'organisation du sommeil et de la vie familiale, un climat social très dégradé au sein des entreprises. Je me souviens de ce salarié licencié le soir même du jour ou il avait fait part à son patron de son souhait d'être mandataire , ou de ces ouvriers de nuit qui ont perdu tous leurs avantages acquis notamment les primes. Dans ces entreprises ou les conditions de travail étaient déja précaires , la réduction du temps de travail a aggravé la situation.

Pour d'autres entreprises, il y a eu concertation , embauche , réflexion autour de l'organisation du travail, achat de matériel, améliorant la qualité du travail et permettant un temps libre choisi qui ne transforme pas le reste de la semaine de travail en marathon. Je me souviens de ces chauffeurs qui grace a leur action syndicale ont vu leur situation de travail complètement transformée et les problèmes de santé au travail disparaitre complètement. Aujourdhui encore, leurs conditions de travail restent adaptées avec une grande qualité de service permetant à leur entreprise d'afficher d'excellents résultats.

Le résultat est qu'aujourdhui , la réduction du temps de travail est discréditée pour longtemps et que pire, les salariés qui étaient passés au 35 heures dans de bonnes conditions voient leurs acquis remis en cause au fil des mois.

Dans cette affaire , une démarche collective avec les acteurs concernés sur le terrain aurait probablement évité de nombreuses erreurs.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je peut te dire que les 35 H ont ete pour moi une chance inoui.
Avant je travaillé jusque 70h ou plus par semaine payé 40 et avec l'arrivé des 35 h mon employeur n'a plus osé nous exploiter,
j'ai enfin réussit a voir grandir mes enfants avec les RTT,
Pendant 22 Ans je n'ai pas vu mes enfants ils dormaient quand je partais et été deja coucher quand je rentrai , de garde de SAMU je les passer au local ainsi que les nuits de Noel et l'an( il manqué toujours quelqu'un)quand j'avais fini une garde j'en recommencé une autre.
Et malgré tout aprés tout ce travail ils n'ont pas hesité a me pousser vers la porte.
Par contre qu'el bonheur en changeant d'employeur je me suis retrouvé aux 35 H. la j'ai revis et amélioré ma santée ainsi que ma vie de famille.
Si plus d'ouvriers faisaient les 35h et s'occupaient de leurs enfants durant leurs RTT??

Anonyme a dit…

Chère Françoise Ménard, Chère camarade,

Au risque d’être à nouveau taxé de ne savoir « éviter les raccourcis », je me sens là encore obligé de réagir.

Disons tout de suite que je suis très largement d’accord sur le diagnostic.
Si les 35 heures ont eu un effet positif, cet effet s’est essentiellement concentré sur les catégories de salariés qui n’étaient pas auparavant les plus en difficulté, que ce soit du point de vue des niveaux de rémunération qui étaient les leurs ou des conditions de travail qui leur étaient appliquées.
Pour résumer à grand traits, les principaux bénéficiaires de cette mesure de partage du travail ont été principalement les cadres et agents de maîtrise, ainsi qu’une part non négligeable des employés des grandes entreprises.
Les cadres et agents de maîtrise parce que la flexibilité de leurs habituels horaires de travail était déjà inscrite dans leurs fonctions, et que la surcharge de productivité qui a pu leur être demandée à l’occasion du passage aux 35h n’était pas telle que les bénéfices du temps alors libéré aient pu en être annulés à leurs yeux.
Les employés des grandes entreprises parce qu’il y a à l’évidence une taille critique des services qui permet de mettre en œuvre les réorganisations qui autorisent ou non de grouper les heures de RTT pour pouvoir en bénéficier réellement.

Pour les autres, c’est-à-dire la « piétaille » incluant une très large majorité des salariés des PME/PMI, le temps libre des 35 h s’est vu compensé par trop d’effets négatifs (blocage des rémunérations, charge de travail augmentée, flexibilité imposée des horaires de travail, …) pour que le solde ait pu être estimé positif par une grande partie d’entre eux.

On peut néanmoins tempérer un peu ce constat négatif à la lecture d’une première étude de la DARES sur ce sujet qui avait été publiée en Janvier dernier, et qui fait apparaître que « la moitié
des salariés estiment que la réduction de leur temps de travail a amélioré leur situation, un tiers qu'elle n'a rien changé, et un sur sept qu'elle l'a détériorée. »
Voir : http://www.travail.gouv.fr/etudes-recherche-statistiques/etudes-recherche/publications-dares/premieres-informations-premieres-syntheses/2006-063-les-conditions-travail-salaries-apres-reduction-leur-temps-travail-2872.html?var_recherche=reduction+temps+de+travail

Et c’est précisément là que je diverge de votre vision apparemment très négative, et qui n’ouvre malheureusement guère de perspectives d’avenir à ceux qui sont précisément les laissés pour compte de cette avancée sociale.
Ne nous y trompons pas, ce ne sont pas les 35h en tant que telles qui sont aujourd’hui discréditées pour longtemps, mais bien plutôt le type de démarche politique inachevée qui a présidé à leur mise en œuvre.

N’importe quel observateur embarqué à l’époque dans le monde des PME/PMI ne pouvait en effet que constater la volonté absolue du MEDEF, et au 1er rang la plus conservatrices des branches professionnelles qui la composent, c’est-à-dire l’UIMM, de torpiller cette mesure qui était issue d’un réel engagement électoral du gouvernement de gauche. Et cette volonté de faire échec à ces mesures était à l’évidence plus politique que fonctionnelle.

Partant de là, le problème se pose à l’évidence en termes de démocratie sociale.
Souvenons nous en effet de la manière dont les avancées sociales décisives de 36 ou même de 68 ont pu être mises en œuvre.
Les organisations patronales sont par nature rétives à toute avancée sociale qui leur impose une remise en cause de leurs organisation d’entreprises, autant qu’à celles qui vont dans le sens d’une modification du partage de la valeur ajoutée entre capital et travail quand celle ci doit se faire au profit des salariés. Il n’est pas question de leur en faire reproche, il s’agit simplement de la défense bien comprise de leurs intérêts.
Et donc, les avancées sociales de 36 ou de 68 ont été inscrites dans les faits, non pas par un simple exercice de volonté politique, mais bien plus par une mobilisation massive des salariés qui a créé les conditions d’un rapport de force positif.

Le problème, c’est que les organisations syndicales, seuls corps intermédiaires réellement capables de créer les conditions de ce rapport de force, ont vu leur représentativité chuter de plus de la moitié entre 68 et les années 2000 (de 18 à 8% en moins de 30 ans). Et que le taux de syndicalisation dans les entreprises de moins de 50 salariés (qui représentent 97 % des entreprises Françaises et pas moins de 50 % de l’ensemble des salariés du privé) est de l’ordre de 3,5 %. Si l’on rajoute à ce tableau la menace permanente du chômage, autant dire que l’action collective est à l’évidence impossible dans ce monde là…
De là le boulevard qui s’est ouvert devant le MEDEF pour saboter l’application des 35h dans une large part des entreprises, et au 1er rang d’entre elles, les PME/PMI.

Et c’est bien pour cela que je parle de démarche politique inachevée. Le gouvernement Jospin, et Martine Aubry ont simplement oublié (et pourtant toutes ces données sont dans le domaine public depuis fort longtemps), que la démocratie sociale est le préalable à la mise en œuvre de toute politique un peu ambitieuse dans le domaine social.
Et c’est ce discours volontariste là que j’aimerais entendre de la part de mes camarades socialistes, plutôt qu’une certaine forme de fatalisme et de remise en cause des 35h…
Il suffit de lire le maigre paragraphe consacré à cet aspect des choses dans le projet socialiste (à peine plus long que celui qui est consacré au « sport pour tous »…), pour constater que nous en sommes malheureusement encore bien loin.
Et ça n’est pas à mon sens un hasard si dans ce court chapitre, le monde des PME/PMI est pratiquement passé sous silence. C’est simplement parce que ce monde là est incompréhensible, ne serait-ce que pour des raisons de formation, pour la plupart des énarques qui sont à la tête de notre parti, et qui composaient déjà le gouvernement qui à mis en place la démarche inachevée que j’évoquais plus haut.

Et donc, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.
Le fait qu’une mesure comme les 35h soit aujourd’hui discréditée n’est pas aussi évident que ce vous semblez coire. Et si les acquis de cette mesure sont progressivement remis en cause, c’est d’abord par l’absence de vrais rapports de force au sein des entreprises, et aussi, ne l’oublions pas, pour cause de défaite de la gauche un certain 21 avril.
Quant à la démarche collective sur le terrain, elle ne restera qu’a l’état d’incantation dès lors que la gauche, et évidemment le PS, n’auront pas pris à bras le corps le problème de l’absence totale de démocratie sociale dans une part de plus en plus grande du monde de l’entreprise.

Françoise Mesnard a dit…

Tout a fait d'accord avec votre analyse. La démocratie sociale doit être une de nos priorités pour permettre une évolution constructive de nos entreprises

Anonyme a dit…

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Vu sur le site
http://www.actuchomage.org

Gains de productivité du travail, durée du travail, chômage

Au lieu de réduire la durée du travail, comme dans les années 1970, les gains de productivité du travail ont conduit à un chômage très important, parfois caché en mettant plus de la moitié des chômeurs en invalidité (Pays-Bas, Grande-Bretagne, Danemark).

Les gains de productivité permettraient de réduire à quelques heures par semaine le travail nécessaire pour bien vivre, à condition de changer de modèle de société et de supprimer toutes les productions inutiles (par ailleurs nuisibles à l'avenir de la planète, donc au notre et à celui de nos enfants).

Voir cet article :
Gains de productivité du travail - 1997-2003

http://travail-chomage.site.voila.fr/produc/gain_productiv.htm

En France, la productivité du travail a augmenté de 17,22 % en sept ans, pour l'ensemble de l'activité nationale. Sans rien changer à la production de richesses du pays, le nombre d'emplois aurait pu être augmenté de 17,22 % en réduisant de 14,69 % la durée réelle du travail. En moyenne, avec des transferts d'emplois entre secteurs d'activité, le nombre d'emplois aurait augmenté de 4 284 500. Le chômage réel aurait beaucoup baissé.

D'autres articles intéressants sur le site

http://travail-chomage.site.voila.fr/index2.htm


comme "Des mythes autour de l'emploi",
"Chômage officiel et chômage réel en 2005",
"Le modèle libéral britannique : emploi et chômage" ....

Bonnes lectures, cela aide à réfléchir.
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Anonyme a dit…

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Vu sur le site
http://www.actuchomage.org

Durée du travail : 32 heures en Angleterre

La durée moyenne du travail, pour l'ensemble des emplois à temps complet et à temps partiel, est de 32 heures par semaine en Grande Bretagne et de 36,28 heures en France.

Ainsi, les français travaillent quatre heures de plus que les anglais chaque semaine.

La durée moyenne du travail en Angleterre est de 32 heures par semaine pour l'ensemble des personnes actives occupées : salariés (employee), indépendants (self-employed), aides familiaux de l'agriculture ou du commerce et autres personnes.

En valeur ajustée des variations saisonnières, la durée hebdomadaire est en moyenne de 32,1 heures pour l'ensemble des travailleurs britanniques, soit :
37,2 heures pour l'emploi à temps complet,
15,7 heures pour l'emploi à temps partiel.

Une proportion non négligeable des emplois anglais ont une durée inférieure à quinze heures par semaine et même à six heures par semaine. Pour le même coût, vous avez six travailleurs au lieu d'un, ce qui améliore les statistiques de l'emploi et diminue, en apparence, l'importance du chômage.
...

Les laudateurs du libéralisme économique voudraient nous faire croire que l'importance du chômage en France est due à la faible durée du travail dans notre pays. Le discours souvent répandu est aussi de faire croire que l'on ne travaille que 35 heures en France contre beaucoup plus dans les pays qui "réussissent" dans la lutte contre le chômage.

La durée du travail n'est pas de 35 heures par semaine en France mais de 39,0 heures pour le travail à temps complet ou de 36,3 heures en moyenne pour l'ensemble des emplois à temps complet et à temps partiel. En effet, la durée moyenne des emplois à temps partiel est de 23,2 heures et ceux-ci représentent 17,2 % de l'emploi total. Le calcul se fait donc en tenant compte de l'importance relative de chaque type d'emploi.
...

Mais, dirons les libéraux, avec tous ces congés payés et ces jours fériés, les français travaillent moins sur l'année entière que les anglais. Et bien non, la différence est seulement d'une semaine de congés payés et de trois jours fériés en moins en Angleterre, lorsque les jours fériés sont en semaine (ni samedi, ni dimanche).

Sur l'année, pour 45,4 et 47,0 semaines respectivement, la durée moyenne est :
- en France : 36,3 h x 45,4 = 1 648 heures annuelles,
- en Angleterre : 31,7 h x 47 = 1 489,9 heures annuelles, soit 10,6 % de moins.

Pour les seuls emplois à temps plein, vision partielle (partiale) de la réalité, nous avons :
- en France : 39,0 h x 45,4 = 1 770,6 heures annuelles,
- en Angleterre : 37,2 h x 47 = 1 748,4 heures annuelles
...

Plus de précisions à cette adresses :

http://travail-chomage.site.voila.fr/britan/32h.htm

(le texte complet peut être imprimé ... pour en faire bon usage d'ici 2007).
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Anonyme a dit…

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http://www.actuchomage.org

En neuf ans le nombre réel de chômeurs n'a pas baissé en France

En neuf ans, de 1996 à 2005, le chômage apparent (chômage officiel) a diminué de 21% en passant de 3.062.980 à 2.419.600 inscrits en catégorie 1 Anpe (chômage officiel).
En fait, le chômage réel des diverses catégories de chômeurs et des chômeurs en partie ou en totalité dissimulés à travers différents dispositifs, calculé en équivalent "temps plein", a un peu augmenté, passant de 5.745.310 à 5.848.550.

Cependant, la population active, occupée (ayant un emploi) ou non (chômeur inscrit), est passée de 25.591.000 (1996) à 27.637.000 (2005), au sens du BIT et de l'INSEE.
Cette population active doit toutefois être corrigée en réintégrant les personnes qui en sont artificiellement exclues : les dispensés de recherche d'emploi, celles en préretraites entières et les chômeurs en stage.
La population active corrigée devient 26.070.000 en 1996 (+479.000) et 28.132.000 en 2005 (+495.000).

Le taux de chômage apparent (officiel) est de 11,96 % en 1996 et de 8,75 % en 2005, en prenant la moyenne annuelle de la catégorie 1 de l'ANPE.

Le taux de chômage réel est :
- 16,97 % en 1996 et 14,54 % en 2005 sans tenir compte de l'équivalence chômage des emplois à temps partiel
- 22,04 % en 1996 et 20,79 % en 2005 en tenant compte de ce chômage partiel de fait.

Un progrès bien faible en neuf ans et tout relatif, car si la population active continue d'augmenter, le rythme de cette augmentation s'est beaucoup ralenti au cours des dernières années. Reste à savoir la part prise par les chômeurs découragés, disparus des statistiques, dans cette diminution de la population active.

Ne croyez pas pour autant à une situation réelle plus enviable dans les autres pays en Europe ou dans d'autres régions du monde. Bien souvent, un taux de chômage officiel autour de 5 %, même estampillé Ocde ou Eurostats, cache un taux effectif du chômage compris entre 10 et 20 %. Et bien souvent, la proportion d'emplois à temps partiel est plus importante qu'en France avec un nombre d'heures plus faible (Pays-Bas, Royaume-Uni ... ).

Voir : Le chômage réel en France : 1996 et 2005

http://travail-chomage.site.voila.fr/chomage/chom_reel_1996_2005.htm

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