mercredi 19 avril 2006


Rapport sur la chirurgie publique : à qui profite le crime ?




Le Rapport sur la chirurgie publique remis le 18 avril au Ministre de la santé conclu à la nécessité de fermer 113 blocs opératoires. Ce Rapport n’apparaît pas rigoureux dans les chiffres présentés , et dans les analyses proposées.

Tout d’abord, ce Rapport manque singulièrement d’exactitude . Ainsi, pour la seule région Poitou-charentes que je connais plus particulièrement, un bloc opératoire public cité est déjà fermé depuis …un an, et un autre bloc opératoire cité a pratiqué plus de 2000 actes en 2005 . A noter également que les taux de fuites ne tiennent pas compte des coopérations chirurgicales existants entre deux hôpitaux publics voisins.

Ensuite, si l’auteur met avec raison la sécurité des patients au premier plan , il oublie d’expliquer pourquoi la chirurgie publique est en difficulté.

En effet, pourquoi ne parle –t-il pas du manque inquiétant de chirurgien qui vide les petits hôpitaux ? pourquoi ne parle t-il pas de l’inégalité des salaires entre chirurgiens publics et chirurgiens privés ? Pourquoi n’explique –t-il pas les obligations du chirurgien public d’assurer les gardes de chirurgie? pourquoi ne parle-t-il pas de nommer les chirurgiens publics sur des bassins de santé pour favoriser les coopérations entre hôpitaux publics ? pourquoi ne parle- t--il pas de la tarification à l’activité qui étrangle les hôpitaux publics et favorise la production de soins au lieu de la «production de santé » ? pourquoi ne parle –t-il pas de l’Appel du 11 avril 2006 des hôpitaux publics dénonçant un sous-financement de 1 milliard d’euro pour cette année ?

La chirurgie publique est en danger et au delà , c’est la notion même d’égalité d’accès géographique et sociale à une offre chirurgicale pour tous les citoyens qui est en danger.

On nous explique que la fermeture d’un bloc opératoire , ce n’est pas la mort de l’hôpital. C’est inexact. La fermeture d’un bloc chirurgical provoque le départ des anesthésistes et des urgentistes mettant en danger les urgences et d’ autres activités comme l’obstétrique, les soins continus ou la chirurgie programmée . De quelle sécurité parle-t-on ?

Qui plus est, ces fermetures correspondent à une politique du fait accompli sans préoccupation de cohérence géographique. Ces fermetures peuvent créer des zones blanches plaçant les habitants de ces territoires très loin des plateaux chirurgicaux . Les études montrent que l’éloignement diminue le recours aux soins. De quelle sécurité parle-t-on ?

Dans le même temps, le secteur privé assure 60 % des actes chirurgicaux en France. Mais ce même secteur privé n’a pas l’obligation d’assurer les gardes d’urgences chirurgicales. Il n’hésite pas non plus à renvoyer sur l’hôpital public les patients qui du fait de leur état de santé risquent des complications. De quelle sécurité parle-t-on ?

Quand il n’y a qu’une offre chirurgicale privée sur un territoire et que tous les chirurgiens sont en secteur II, comment font les patients qui n’ont pas les moyens de payer ? De quelle sécurité parle-t-on?

De tout cela, ce Rapport oublie de parler . Méconnaissance coupable des problématiques de l’hôpital public ou volonté de poursuivre la casse de notre système de santé .

On pourrait imaginer un rapport qui conclurait à la nécessité de maintenir un service public de chirurgie réparti géographiquement en fonction de la population, et donc de la nécessité de conforter certains blocs et effectivement d’en fermer certains autres, qui conclurait à la nécessité de développer les coopérations public – public , qui proposerait une obligation pour les chirurgiens dont les études sont payées par l’Etat de travailler 5 ans dans le public , qui proposerait à tous les chirurgiens de participer au tour de garde, qui proposerait de modifier le numerus clausus et l’organisation du concours d’internat qualifiant et tant d’autres propositions qui y contribueraient sans nul doute. Des propositions crédibles pour un choix politique clair.

On pourrait l’imaginer si on le voulait.

5 commentaires:

Brigetoun a dit…

et comme si le secteur privé offrait des garanties de qualité supérieures ! ma petite expérience : grosse opération grave, cri du coeur des médecins : hopital et non clinique. Et je m'obstine à penser (pas seule et selon des avis des medecins de la famille) que la mort de maman a été hatée par une opération inutile

Brigetoun a dit…

opération dans une clinique "huppée" bien sur

Anonyme a dit…

AUCUN RAPPORT mais je souhaiterais vous lire sur cet info.

Plusieurs femmes socialistes (dont Anne Hidalgo, l'adjointe au maire de Paris) ont décidé de montrer qu'il n'y avait pas qu'une seule femme présidentiable (Ségolène Royal) au PS. Elle ont donc rassemblé une liste de 143 femmes candidates (en référence au manifeste des 343 femmes qui s'étaient prononcées pour l'avortement en 1970) elles aussi à la candidature présidentielle. L'objectif est de défendre la parité en général

Merci.

Françoise Mesnard a dit…

je suis choquée de ce détournement d'un combat féministe essentiel pour une manoeuvre politicienne dont je ne perçois pas bien l'intêret

Anonyme a dit…

Merci pour l'absence de langue de bois!